genisse-primee-aide-elevage - Illustration Se préparer à la fin des génisses primées

Se préparer à la fin des génisses primées

Dès 2015, les éleveurs qui primaient des génisses en PMTVA vont être brusquement pénalisés. Sur les nouvelles aides couplées, des incertitudes demeurent : calcul de la référence, nouveaux entrants, validation par l’Europe…

Contrairement à la convergence des aides découplées de la Pac, progressive jusqu’en 2019, le changement sera brusque pour les PMTVA (Primes au maintien du troupeau de vaches allaitantes). Fin 2014, les producteurs de viande bovine pourront dire adieu au système tel qu’il existe aujourd’hui. La France a toutefois décidé de conserver un couplage sur les vaches allaitantes, qui entrera en vigueur au 1er janvier 2015 (voir encadré), avec un budget attribué de 660 millions d’€.

Tout n’est pas encore calé. « L’année de référence sera 2013, mais comment va être calculé le nombre de vaches : en fonction des naissances, d’une campagne, d’une moyenne, d’un minimum, d’un maximum ? Ce nombre sera-t-il une référence ou un plafond ? », interrogeait Frédéric Guy, de la Chambre d’agriculture 35, lors d’une assemblée d’éleveurs. Le conseiller viande précise que des primes seront réservées aux nouveaux entrants. Certainement à enveloppe nationale constante, mais la tendance, en vaches allaitantes, n’est pas à l’accroissement.

Attendre pour céder

Dernière inconnue, les propositions faites par la France doivent être approuvées par l’Union européenne. « Les montants des primes sur les vaches devraient être validés. Nous attendons les décisions pour la fin de l’année », notait Alain Guillaume, du pôle Herbivore des Chambres, lors de l’assemblée générale de Breizh Bovins Croissance. Ce qui fait dire aux conseillers de gestion de plutôt éviter les transferts d’exploitation viande jusqu’au 15 mai 2015, le cédant comme le repreneur ne pouvant évaluer la valeur des aides couplées.

Malgré une volonté de conforter l’engraissement en France, aucune mesure concrète n’a encore été décidée à ce sujet. « Ce maillon est pourtant essentiel pour l’équilibre de la filière : c’est le débouché des naisseurs », soulignent des producteurs. « Les répercussions des nouvelles aides couplées seront bien sûr d’autant plus pénalisantes que la part de génisses primées en PMTVA est importante, ce qui est souvent le cas en Bretagne. Pour un élevage de 60 vaches comptant 30 % de génisses primées, la perte de revenu est de 2 460 € par an. Elle atteint 5 000 € avec 80 vaches et 40% de génisses primées », chiffre Alain Guillaume.

Rappel des propositions faites par la France

Les aides à la vache allaitante (VA) sont réservées aux élevages comptant un effectif minimum de 10 VA et une productivité d’au moins 0,8 veau né par mère sur 15 mois. Le montant sera de 187 €/VA pour les 50 premières ; de 140 €/VA de la 51e à la 99e, et de 75 €/VA de la 100e à la 139e. La transparence Gaec est appliquée. Les génisses ne seront plus primées ; rappelons que cette mesure avait été prise lors de la crise de l’ESB en 2000. Mais les éleveurs auront la possibilité de substituer jusqu’à 20% des vaches primables par des génisses sur la période de détention. Les Jeunes agriculteurs (JA) auront la possibilité de primer les génisses sur trois ans à hauteur de 20% des VA présentes.

Convergence des DPU

Le niveau initial de DPU impactera également les éleveurs, sous l’effet de la convergence. « Les systèmes naisseurs, en général dotés de DPU moins élevés, seront plutôt gagnants. Les naisseurs engraisseurs herbagers seront moins impactés que les intensifs. Et la chute des aides sera fortement marquée pour les engraisseurs. Un producteur de JB de notre réseau va perdre 13 227 €/an entre 2013 et 2019. Mais cela ne veut pas dire que l’engraissement ne sera plus rentable… »

Particularité bretonne également, de nombreux éleveurs de bovins viande sont également producteurs de lait. Ils bénéficieront à ce titre d’une aide à la vache laitière dont le montant est estimé à 36 €/VL en zone de plaine, avec un plafond à 40 VL et application de la transparence Gaec. Un appui qui ne compensera pas la convergence des aides, très pénalisante pour beaucoup d’entre eux. « L’aide aux cultures riches en protéines sera par ailleurs possible avec des montants qui pourront aller de 100 à 200 €/ha. » Certains producteurs bretons se demandent pourquoi les éleveurs des bassins traditionnels allaitants ne se sont pas battus davantage pour les PMTVA. « Ils ont moins de PMTVA et de DPU que chez nous. Et nombre d’entre eux pourront bénéficier de mesures ICHN*, avec là aussi l’application de la transparence Gaec. La réforme de la Pac est plutôt bien vécue là-bas », note Frédéric Guy.

Prendre part aux discussions futures

Il faudra donc s’adapter à cette nouvelle Pac. Mais que vont devenir les aides ensuite ? « La Pac va continuer à évoluer. Dans quelques mois, l’après 2020 va commencer à être discuté. Les producteurs peuvent faire des propositions, notamment auprès des députés de leur circonscription Ouest. Les personnes qui prennent les décisions ont besoin d’être nourries », notait récemment Yves Madre, membre du Cabinet de Dacian Ciolos, lors d’une réunion sur l’Europe. Agnès Cussonneau

L’avis de Alain Guillaume, Pôle Herbivore des Chambres d’agriculture de Bretagne

L’impact de la réforme de la Pac sera différent selon le niveau initial de DPU, de génisses primées en PMTVA et du statut de l’exploitation avec l’application possible ou non de la transparence Gaec. Certains éleveurs pourront également prétendre aux aides du second pilier qui sont en cours de définition à l’échelon régional. Des aides à l’agriculture bio, à l’assurance récolte, à la modernisation seront possibles dans ce cadre, ainsi que des MAEC (Mesures agro-environnementales et climatiques) « herbivores » ou « systèmes herbagers ». Des marges techniques existent aussi sur la performance, sur la réduction des coûts. Moins maîtrisables par les producteurs, les marchés et l’organisation des filières seront d’autres facteurs d’évolution du revenu.

* Indemnité compensatoire de handicap naturel qui vise à encourager les agriculteurs à occuper l’espace et maintenir une activité agricole.


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