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Peu d’impact de la Pac en porc

La réforme de la Politique agricole commune aura, en moyenne, un faible impact en production porcine. Néanmoins, des écarts subsistent.


CerFrance a analysé l’incidence de la réforme de la Pac en production porcine. L’étude porte sur un échantillon de producteurs spécialisés naisseur-engraisseur en Bretagne. L’impact de la réforme est mesuré entre une base 2012/2013 et l’échéance 2019, sachant que certaines règles peuvent encore bouger dans les années à venir. Durant la période de transition, un premier palier important sera franchi dès 2015. L’enveloppe moyenne du DPU (17 000 €) pèse seulement 3,5 ct d’€/kg pour une exploitation porcine, mais cela représente tout de même 30 % du revenu sur 5 ans. Son poids économique est néanmoins nettement moins important qu’en production laitière (70 % du revenu). Mais, il n’est pas sans intérêt pour les producteurs de porc, notamment en période de crise.

Perte de DPU

L’impact moyen de la réforme sera plutôt négatif : – 1 560 € de baisse pour une exploitation moyenne de 217 truies et 64 ha. Cela représente une perte de 9 % du DPU (24 €/ha). Ramené au kg, l’impact est de -0,3 ct d’€/kg. Il est donc  négligeable par rapport aux autres facteurs qui peuvent influencer les résultats (prix du porc, prix de l’aliment, technicité…). La convergence mise en place par la réforme a peu d’effet. Le DPU moyen de 265 € en porc est proche des moyennes nationales. La dispersion des DPU/ha de départ est plutôt homogène. Seules 10 % des exploitations sont à moins de 225 €/ha et 10 % à plus de 300 €/ha. Le paiement redistributif, limité à 52 ha, est par contre pénalisant pour les exploitations à SAU élevée car les producteurs de porc bénéficient peu de la transparence appliquée aux Gaec. Ce statut ne concerne que 6 % des exploitations spécialisées en porc. Il est un plus fréquent pour les exploitations à plus de 100 ha de SAU (19 %).

Défavorable aux grandes surfaces

Dans la majorité des exploitations porcines, la réforme de la Pac aura un impact réduit : entre -1 et +1 ct d’€/kg pour près de 80 % (deux-tiers entre -0,5 et + 0,5 ct d’€/kg). Les pertes peuvent être parfois un peu plus significatives et dépasser 1 ct d’€/kg pour 14 % des exploitations (graphique). Ce sont des exploitations avec plus de SAU (103 ha) pour un atelier de taille moins importante (191 truies). Le DPU de départ est aussi un peu plus élevé à 285 €/ha. Ces exploitations ne bénéficient quasiment pas de la transparence appliquée au paiement redistributif sur les 52 premiers ha (4 % de Gaec). Leur perte moyenne atteint 6 400 €/exploitation soit 1,6 ct d’€/kg. Elle dépasse 2 ct d’€/kg pour seulement 3 % des exploitations porcines. La réforme est moins favorable aux exploitations disposant d’une grande surface, ce qui en était l’un des objectifs de base. Disposer d’une SAU importante est en général un atout pour une exploitation porcine vis-à-vis de l’environnement ou par un moindre impact des variations de prix de l’aliment. Cet avantage n’est pas vraiment remis en cause, mais il est amoindri par la réforme. Pour s’adapter, les discussions entamées sur le changement  possible de statut des  EARL (entre époux) créées avant juillet 2010 vers le Gaec pourraient apporter une solution (bénéficier de la transparence pour le paiement redistributif limité à 52 ha.

[caption id=”attachment_9484″ align=”aligncenter” width=”300″]Impact de la réforme de la Pac Impact de la réforme de la Pac.[/caption]

Paiement vert

Très peu de producteurs sont en situation vraiment favorable. Seulement 5 % des producteurs de porc affiche un gain de plus de 0,5 ct d’€ par kg (1 % à plus 1 ct/kg). Ce sont des exploitations avec une SAU moindre (52 ha) avec des ateliers de faible taille (120 truies). Le DPU de départ est un peu moins élevé à 206 €/ha et inférieur à 240 € dans tous les cas. Ces exploitations bénéficient donc de la convergence qui fait progresser le DPU de 38 €/ha à 244 €/ha soit + 1 960 €/exploitation et seulement + 0,8 ct d’€/kg.
Pour toucher les futures aides, notamment le paiement vert (environ 30 % des aides), tous les producteurs devront  respecter les mesures agro-environnementales :

  • Maintenir les prairies permanentes ;
  • Déclarer à la Pac 5 % des terres arables en SIE (surface d’intérêt écologique) ;
  • Diversifier les cultures. La culture principale ne devra pas dépasser plus de 75 % de la SAU, et les deux principales plus de 95 % de la SAU.

Près d’une exploitation sur quatre à plus de 30 ha ne respecte pas la règle de diversité. Des adaptations sont possibles, mais il faudra modifier les assolements. Georges Douguet / CerFrance Côtes d’Armor

L’avis de Georges DOUGUET CerFrance 22

À la lumière de cette étude, il apparaît que la réforme de la Pac n’est pas vraiment un enjeu fondamental en production porcine. Les défis sont ailleurs, notamment au niveau de la rentabilité de la production, malmenée par une difficile répercussion de la hausse du prix de l’aliment sur le prix du porc. De même, la nécessité de relancer la production régionale passera par de réelles possibilités d’investissement pour les éleveurs avec des règles stables et lisibles. Aujourd’hui, la prise de conscience est réelle, mais il faut retrouver une dynamique de projets.


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