arbre-amandier-amerique-environnement-exploitation-laitiere-lait - Illustration Les arbres font de l’ombre aux vaches

Les arbres font de l’ombre aux vaches

Les amandiers pousseront-ils les vaches hors de Californie ? Le prix de l’hectare de terre atteint 40 000 $ (29 000 €).

Des amandiers en fleur à perte de vue. Sur des milliers d’hectares ; sans discontinuer, sur des dizaines de kilomètres. Tel est le visage de la vallée centrale de la Californie, encadrée à l’ouest par les chaînes côtières du Pacifique et, à l’est, par la Sierra Nevada. Une chaîne montagneuse qui irrigue cette plaine très fertile de cet état américain. De cette eau qui descend de la montagne, l’agriculture californienne a cruellement besoin comme le témoigne l’inquiétude qui ronge les agriculteurs cette année. Cet hiver, il n’a pas plu, ni neigé sur les sommets de la Sierra Nevada. Ce qui fait craindre des restrictions d’irrigation et donc des pertes de rendement.

Huit fois plus de produit en arboriculture

La Californie produit 84 % des amandes mondiales. La production a progressé de 20 % en 5 ans. Expansion qui crée des tensions sur le marché du foncier comme le suggèrent ces plantations qui viennent lécher les exploitations laitières. La bonne rentabilité de l’arboriculture attise la surenchère foncière. « En fourrage, vous dégagez 1 000 $ (700 €) de produit avec deux récoltes annuelles (ensilage de céréale + maïs) ; avec des arbres, le produit atteint les 8 000 $/ha (5 800 €) », expliquent les producteurs laitiers qui parlent d’une flambée du foncier : 40 000 $ (29 000 €) par hectare. Mais pour autant que la concurrence sur le foncier est aiguisée, les éleveurs de bovins veulent entretenir de bonnes relations avec leurs voisins arboriculteurs qui sont de gros utilisateurs de compost. Une nécessité dans cet état qui est de plus en plus regardant sur l’écologie.

Apiculture industrielle

Chaque année, plus de 2 200 semi-remorques chargés de ruches migrent vers la Californie pour polliniser les 350 000 ha de fleurs d’amandiers. Les palettes de 4-6 ruches sont déposées à intervalles réguliers par des chargeurs. Un véritable business pour les apiculteurs qui louent chaque ruche autour de 120-140 $. Ce prix a tendance à augmenter depuis que les colonies d’abeilles se déciment.

Les freins de l’environnement

Les éleveurs laitiers font observer que, pour des raisons environnementales, c’est plus difficile d’agrandir son exploitation. « Aujourd’hui, il faut démontrer ce que l’on fait des effluents et prouver que les cultures utilisent les fertilisants épandus », explique un producteur. Ce qui n’est pas toujours simple compte tenu de la taille des élevages et de la surface proportionnellement disponible. Mais aussi parce qu’il est souvent plus rentable d’acheter l’alimentation des vaches à l’extérieur que de la produire sur place. Quitte à faire venir des semi-remorques de fourrage ou des sous-produits de l’industrie achetés à des centaines de kilomètres. « Une partie de ma ration est produite à 12 heures de route d’ici », témoigne par exemple un producteur qui cite quelques aliments incorporés dans la ration des vaches : maïs, foin de luzerne, colza, drèche de distillerie, graines de coton, coques d’amande… Pas de soja ? « Non, c’est trop cher pour les vaches ». Didier Le Du


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