Prix des bovins : Un marché porteur et plus d’apporteurs

Décapitalisation partout en Europe, impact des maladies… La raréfaction de l’offre fait flamber le prix des bovins pour lequel le Mol reste une référence en Bretagne.

Un homme fait entrer un veau laitier dans un bâtiment.  - Illustration Prix des bovins : Un marché porteur  et plus d’apporteurs
Au cadran de Lamballe, la moitié des animaux sont apportés directement par les éleveurs. | © Paysan Breton - T. Dagorn

Depuis le début 2025, le prix des bovins « explose », témoignaient les participants, le 27 juin, à la 50e assemblée générale du Marché organisé de Lamballe (Mol). « Jusqu’à où va-t-il monter ? Personne n’entrevoit aujourd’hui de plafond », commentait Dominique Masson, directeur de la structure coopérative. Un contexte haussier qui brouille les repères historiques des éleveurs et des acheteurs « avec une incidence sur toute l’organisation de la filière » et parfois sur la relation entre les parties.

En six mois, un veau a pris près de 100 €

Conséquence directe de la décapitalisation généralisée, « la raréfaction de l’offre » à la ferme comme sur les marchés – génère une vive tension sur les prix. « En six mois, un veau a pris près de 100 €. » Au cadran du 1er juillet, en Bretagne, un mâle de race laitière de 45 à 50 kg se négociait par exemple entre 340 et 370 €. Un croisé Blanc Bleu lourd et très bien conformé pouvait approcher les 1 000 €. « Du jamais vu. » Inimaginable il y a encore quelques mois. « Actuellement, des vaches Holstein atteignent 2 000 €. Dans les campagnes, tout le monde ne suit pas la progression des prix. Certains de mes voisins pensent que je perds mon temps en vendant mes animaux au cadran. Mais ce sont peut-être les heures les mieux payées de ma semaine », témoignait un éleveur de Saint-Méen-le-Grand (35). L’image du veau noir à 150 € est encore ancrée dans certaines têtes, estime un autre administrateur qui insiste sur l’importance de communiquer toujours plus sur la performance du Mol.

Sur 2024, 10 % de veaux en plus au cadran

Dans ce contexte inédit, des éleveurs rejoignent l’organisation coopérative : « L’année dernière, nous avons accueilli 86 nouveaux adhérents. Cette tendance s’est poursuivie sur le premier semestre 2025 », apprécient les responsables. Pour 2024, la coopérative comptait 2 947 porteurs de parts sociales dont 1 286 apporteurs actifs. Ainsi 35 532 animaux (+1,28 %) ont été commercialisés sur l’année. Mais dans « les trois catégories-phares » au Mol, les dynamiques diffèrent. 14 930 veaux ont été vendus en 2024 contre 13 069 en 2023, soit une progression de +9,7 %. Et 14 457 gros bovins et 6 145 broutards sont passés au cadran contre respectivement 14 510 (-0,4 %) et 6 965 (-11,7 %) en 2023. « En termes d’activité globale, c’est une sacrée réussite », souligne Dominique Masson. Avant d’inviter à prendre de la hauteur : selon la Fédération des marchés de bétail vif (FMBV), « le volume d’animaux commercialisés en France en 2024 est de -5,6 % pour les veaux, -9,96 % pour les gros bovins et -6,02 % en broutards… »

S’appuyant sur des informations de la FMBV, le spécialiste rapporte aussi une accélération de la transformation de places de marché de gré à gré en cadrans « car la valorisation est meilleure quand plusieurs acheteurs sont impliqués ».

À ce jour, il existe ainsi 41 marchés dans le pays. Pour situer, en France, le Mol est le 3e marché le plus important sur les créneaux des gros bovins et des veaux.

Pénurie et risque de dérèglement

Et encore, aujourd’hui, la France reste le pays « le moins-disant » en termes de prix, rapportent les observateurs. Car, en 2025, « la contraction des cheptels se poursuit partout en Europe » liée à la décapitalisation mais aussi à l’impact de la FCO et de la MHE. « C’est très général. » Il y a moins de bovins en Allemagne, aux Pays-Bas, en Pologne… Certains imaginaient même que des opérateurs pourraient venir demain chercher des veaux sur les marchés bretons pour les envoyer en Europe où la demande est forte. « La consommation de viande bovine diminue moins vite que la chute de la production », reprend Vincent Lenoir, président du Mol, alors la menace des maladies vectorielles aux portes de la région est crainte. « Surmortalité des vaches et surtout des veaux, impact lourd sur la fertilité… Sans mesures sanitaires prises, le marché sera touché par la baisse de volumes alors que le marché est porteur. Nous devons inciter à la vaccination du cheptel reproducteur. » Pour un coût de 30 € par animal pour trois doses, un éleveur calculait que la vaccination représenterait plus de 10 000 € chez lui. « La plus-value apportée à celui qui commercialise ses animaux au Mol doit aujourd’hui couvrir cet investissement nécessaire », terminait un administrateur.

Toma Dagorn

Le cadran tire en faveur des éleveurs

Opinion – Vincent Lenoir  Président du Mol

Malgré la baisse inéluctable des effectifs, l’objectif du Mol est d’attirer sur nos places de Bourg-Blanc, Guerlesquin et Lamballe davantage d’animaux dans toutes les catégories. Même avec la raréfaction de l’offre, le cadran tire encore plus en faveur des éleveurs. J’invite ces derniers à comparer leur prix de vente à la ferme à ceux que nous obtenons en consultant régulièrement notre site internet où les données sont actualisées chaque semaine en toute transparence. Certains pourraient avoir envie de nous rejoindre alors que notre service de transport répond à ceux qui n’ont pas la possibilité de se déplacer.


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