À Plémy (22), Jean-Yves Gorin gère une exploitation ovine de petite taille, mais bien structurée. Dans sa ferme, à taille humaine, le système mis en place est rentable et résilient face aux fluctuations des prix de marché et du coût des intrants.
Du bovin à l’ovin
Installé en 1997 avec des vaches laitières et des veaux de boucherie, Jean-Yves Gorin a pris un virage en 2016 après trois années de réflexion. Il embauchait un salarié pendant les périodes de vacances. Seul sur l’exploitation suite au départ en retraite de ce dernier, il ne souhaitait plus subir les contraintes lourdes de la traite ni robotiser. Il se tourne alors vers l’élevage ovin et acquiert 230 agnelles Romanes. « L’ovin me permet plus de flexibilité. C’est beaucoup de travail, mais réparti autrement. Globalement, je considère que j’y passe l’équivalent d’un trois-quart temps, avec deux périodes de lutte sur l’année », explique-t-il.
Être productif tout en restant autonome
À cette époque, ses investissements étaient déjà amortis, ce qui a facilité la transition. Aujourd’hui, avec 31 ha de prairies, de méteil et de céréales autoconsommés, il gère sa structure en micro-BA. Il ajuste l’effectif de son troupeau en recapitalisant ou en décapitalisant, selon les plafonds de chiffre d’affaires imposés par le régime fiscal. « Si j’avais 60 hectares, j’aurais probablement fait d’autres choix. »

Un système simple
La performance économique de l’exploitation repose sur de solides résultats techniques. Il a volontairement simplifié son système de production. La part des céréales dans la rotation a été réduite au profit de l’herbe. L’engagement dans deux MAEC (protection de l’eau et entretien durable des infrastructures agroécologiques) a permis de renforcer l’autonomie protéique via le pâturage et la récolte d’enrubanné de qualité.
Avec une marge brute de 262 € par brebis en 2024, ses résultats ont progressé, malgré une baisse de prolificité. Cette hausse s’explique par un meilleur poids carcasse et une valorisation plus élevée. Les agneaux ont été vendus en moyenne 9,35 €/kg (prix moyen 2024) en filières de qualité : Label Rouge en circuit long et en vente directe en boucherie. Le vrai levier de performance reste cependant le nombre d’agneaux commercialisés. Même si la prolificité diminue pour se situer légèrement au-dessous de 200 % avec le croisement (Charollais en saison et Île-de-France en contre-saison), elle reste supérieure à celle des races herbagères classiques, avec une mortalité bien maîtrisée (8 %). Le taux de productivité numérique moyen calculé sur les 5 dernières années est de 1,95, très proche de l’objectif visé de 2. Et la productivité pondérale moyenne sur ces cinq années est de 38 kg, avoisinant l’objectif des 40 kg. « Mon but est de compenser la baisse de prolificité par une meilleure conformation et un poids de carcasse plus élevé. »
Carole David
Une orientation viande
Le troupeau est passé à 280 brebis grâce à l’insémination artificielle en race pure jusqu’en 2018. Depuis, Jean-Yves Gorin introduit des béliers Charollais pour croiser les 3/4 du troupeau. L’objectif : orienter vers la viande sans perdre les qualités maternelles de la Romane. « C’est une race tonique, prolifique, et que j’apprécie particulièrement. »