À Bruxelles, la machine est lancée. Lancée, c’est beaucoup dire. Car la grande vitesse n’a jamais été la spécialité des institutions européennes. Mais la mécanique est en route : la prochaine réforme de la Pac se prépare…
D’emblée, on sait qu’il ne faut pas en attendre une révolution. Christophe Hansen, commissaire européen à l’Agriculture et à l’Alimentation, a déjà calmé les ardeurs : il s’agira d’une simple « évolution ». Dès les premières réunions, le ton a été donné : place à la rhétorique des grandes ambitions, mais avec de minces marges de manœuvre budgétaires.
Se contenter d’une Pac 2028 peu audacieuse
Il faut dire que les vents sont contraires. Un budget européen sous tension, où les autres dossiers stratégiques lorgnent sur le budget de l’agriculture ; une agriculture européenne sommée de rester compétitive face aux géants américain ou brésilien, tout en restant verte ; et, en même temps, devoir répondre aux attentes divergentes de chaque État membre. Sans compter que dans les coulisses, des lobbys bien rodés veillent à préserver les équilibres… ou les blocages.
À écouter les discours de la conférence du 8 mai dernier, on comprend vite que l’exercice relèvera de la haute voltige. Il faudra concilier productivité et transition écologique, promettre le soutien du renouvellement générationnel sans s’en donner véritablement les moyens. Un numéro d’équilibriste où chaque promesse devra être calibrée, chaque mot pesé, chaque euro compté.
En somme, une réforme sous contrainte, où l’on ajustera à la marge plus qu’on ne transformera en profondeur. À moins d’un sursaut politique – peu probable –, il faudra en toute vraisemblance se contenter d’une Pac 2028 peu audacieuse. Et espérer que, dans ce cadre contraint, quelques lignes utiles finissent malgré tout par bouger.
Ainsi va l’Europe qui peine à se donner les moyens communs de ses ambitions… si tant est qu’elle en ait encore.