D’abord un constat. L’agritourisme ne s’improvise pas. Héberger, nourrir ou animer des ateliers à la ferme suppose une logistique spécifique, des normes à respecter, et des responsabilités nouvelles.
Une autre façon d’habiter son métier
C’est une activité qui peut transformer une exploitation. Dans sa relation aux clients, mais aussi dans son organisation quotidienne, dans son exposition aux risques ou dans sa posture vis-à-vis des institutions. À cela s’ajoute une diversité croissante des formes d’accueil : gîtes, tables paysannes, cueillettes, stages, fermes pédagogiques. Chacune avec ses spécificités, ses atouts, et ses contraintes réglementaires.
S’ouvrir, sans se fragiliser
Le lien social est réel. L’effet économique aussi. Mais pour qu’il tienne dans la durée, encore faut-il s’assurer que la structure tienne le choc : juridiquement, sanitairement, humainement.
D’où la nécessité d’anticiper, aménager, sécuriser. Aménager les accès, former les membres du foyer ou de l’équipe, encadrer les visiteurs, protéger les zones sensibles. Mais aussi déclarer son activité, adapter son assurance, et surtout, tracer une stratégie réaliste.
Comme le résume Pierre, éleveur dans le Morbihan ayant ouvert deux gîtes ruraux, « le plus difficile, ce n’est pas l’accueil. C’est de garder l’équilibre entre mon métier d’agriculteur et les attentes des visiteurs, qui ne sont pas toujours compatibles avec la réalité d’un élevage. »
Des leviers connus, à stabiliser
Beaucoup d’initiatives existent. Des structures accompagnantes (Bienvenue à la ferme, Accueil Paysan), des aides locales à l’installation ou à la rénovation, des formations via les chambres d’agriculture ou les réseaux touristiques. Mais elles restent sous-utilisées. Par manque de temps, parfois par crainte de complexifier l’exploitation. Pourtant, c’est bien là que se joue la durabilité du projet. Car l’agritourisme n’est pas une échappatoire. C’est une autre façon d’habiter son métier, de construire un modèle économique hybride, où les revenus agricoles et touristiques dialoguent.
Et c’est aussi, dans bien des cas, une fierté retrouvée : celle de faire visiter, de raconter, de transmettre. Une posture proactive qui peut renforcer l’image de l’agriculture, à une époque où celle-ci est trop souvent réduite à des caricatures.
L’agritourisme comme levier rural
Derrière les hébergements ou les ateliers, c’est toute une dynamique locale qui peut émerger : circuits courts, relocalisation de la consommation, animation du territoire. L’agritourisme, c’est aussi cela : du revenu, mais surtout du lien. Et si certains y voient un supplément, d’autres y trouvent un véritable moteur de transition : vers une agriculture plus visible, plus ouverte, plus ancrée dans la société. À condition, toujours, d’y aller préparé.
Cinq réflexes pour sécuriser votre activité agritouristique
• Délimiter les espaces accessibles au public et signaler les zones à risques (hangars, animaux, produits chimiques).
• Mettre en place un protocole de sécurité pour chaque activité (atelier, visite, hébergement).
• Souscrire une assurance professionnelle spécifique, couvrant les activités touristiques.
• Prévoir un registre de suivi, incluant incidents, vérifications et consignes de sécurité.
• Se former ou former ses proches aux premiers secours et à la gestion des publics.