14984.hr - Illustration Préserver le ressource en eau face au changement climatique
La création de nouveaux forages risque de se compliquer dans les années à venir. Les agriculteurs en possédant un sont encouragés à bien l’entretenir et à s’en servir pour limiter la consommation d’eau du réseau public.

Préserver le ressource en eau face au changement climatique

L’été chaud et sec de 2022 a pénalisé l’agriculture bretonne avec, pour la première fois, les 4 départements classés en calamité agricole. Des projets sont en cours pour s’adapter et réduire les besoins en eau des exploitations.

« L’eau devient une ressource de plus en plus vulnérable. Les tendances lourdes sont la modification de la répartition des pluies avec plus en hiver et moins en été cumulé avec la poursuite de l’augmentation des températures qui engendre plus d’évapotranspiration », constate Charles David, chargé de mission eau et littoral à la Chambre d’agriculture de Bretagne. Invité par Rés’Agri Pontivy fin janvier, il a décrit les conséquences sur le cycle de l’eau : baisse de débit des cours d’eau, perturbation de la recharge des nappes, assèchement des sols, accentuation du déséquilibre Est/Ouest et impacts sur la qualité de l’eau.

1 % de la SAU irriguée en Bretagne

La Bretagne enregistre en moyenne chaque année 26 milliards de mètres cubes de précipitations, 39 % de ces pluies sont efficaces et 61 % sont transformées en vapeur d’eau. La Bretagne n’a pas de lien avec les régions voisines au niveau des réseaux d’eau potable. « Ici nous prélevons les eaux de surface, 5 sites de captages alimentent 24 % de la population bretonne en eau potable. Nous avons aussi une multitude de petits points de captage répartis sur le territoire », indique Charles David. Il poursuit : « En 2022, certains secteurs ont frôlé la rupture d’approvisionnement cela prouve notre fragilité. Heureusement que nous avons des barrages et des interconnexions. » En Bretagne, au niveau agricole c’est l’élevage qui consomme le plus d’eau alors que dans d’autres régions c’est l’irrigation des cultures. La Bretagne n’a que 1 % de sa SAU qui est irriguée et c’est très majoritairement utilisé pour les cultures légumières. « Maintenir l’usage des forages sur les exploitations est un enjeu fort pour éviter d’aller chercher l’eau du réseau public. »

De grosses pertes de production en légumes

« Cette année, l’agriculture a été très pénalisée par la sécheresse. C’est la première fois que les 4 départements bretons sont classés en calamité agricole pour des cultures légumières. Fin août, les réserves en eau des sols facilement mobilisables étaient épuisées depuis pratiquement 2  mois », note Charles David. Les légumes ont subi de nombreux dégâts physiologiques et une forte dégradation de leur qualité. Les Côtes d’Armor ont enregistré des pertes de production importantes notamment le Coco de Paimpol avec – 50 % et l’artichaut de – 50 à – 70 %. Pour les légumes destinés à la transformation c’est – 20 % en épinard et un manque de près de 50 % sur le prévisionnel en haricot. « Pour s’adapter à ces changements climatiques 2 projets sont en cours : Climatveg, qui va durer jusqu’en 2025, expérimente des solutions innovantes centrées sur le choix du matériel végétal et sa conduite, le travail du sol avec pour objectif de protéger la ressource en eau. Le projet Fermadapt vise à réduire les besoins en eau des exploitations, sécuriser les cultures, améliorer le confort des animaux et adapter les bâtiments. En Bretagne 10 groupes répartis par production et par territoire sont créés avec des agriculteurs et des experts. Ils vont travailler sur un diagnostic de vulnérabilité et sur un diagnostic multi-productions des ressources et des usages afin d’identifier les leviers potentiels d’adaptation et de sécurisation. » 

Anticiper pour limiter la consommation d’eau

Des leviers sont déjà travaillés en lien avec la ressource en eau comme la sélection variétale et génétique, l’agro-écologie, le pilotage de l’irrigation, les stratégies d’esquive, les économies d’eau en élevage, l’évolution des systèmes de production et le choix des cultures. Mais il y a encore des besoins importants d’amélioration de la connaissance, de développement et d’accompagnement. « Les leviers d’adaptation ne permettront sans doute pas de faire face à tous les aléas et à l’augmentation des besoins du fait du changement climatique. La mobilisation de nouvelles ressources pour l’agriculture doit être intégrée dans la gestion globale des usages de l’eau », estime Charles David.

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