Résilience, ça pousse

Accompagner des personnes en recherche d’emploi vers l’installation sur une ferme maraîchère implantée en milieu urbain... Le projet peut sembler utopique de prime abord. Et pourtant cela marche ! Démonstration. Le Bois du Château est un quartier urbain prioritaire de l’agglomération lorientaise. Et c’est ici, au pied des tours d’habitation, que Optim’ism a choisi d’implanter, à la rentrée 2019, une première exploitation, dans le cadre de « Fais pousser ton emploi ». Bâti par l’association morbihannaise, ce dispositif original consiste à créer une ferme maraîchère bio qui devient le support d’un parcours vers l’installation agricole pour des femmes et des hommes en recherche d’emploi. « Nous nous chargeons de trouver le terrain, et nous recrutons ensuite des personnes que nous salarions pendant deux ans, explique Max Schaffer, directeur de la structure. Accompagnées par un maraîcher expérimenté, celles-ci participent au montage des infrastructures, au lancement de la production et au fonctionnement quotidien de l’exploitation ». Dans le même temps, les salariés peuvent, grâce à un partenariat noué avec le centre de formation Le Gros Chêne de Pontivy, intégrer une formation au Brevet professionnel de responsable d’entreprise agricole (BPREA). Le tout, en étant dispensés des modules correspondant aux compétences acquises en direct sur la ferme. Puis, pour ceux qui prévoient de s’installer effectivement, vient le temps du parcours 3P (plan de professionnalisation personnalisé). À l’issue des deux années, l’exploitation, qui génère déjà un chiffre d’affaires et possède ses canaux de commercialisation, est finalement transmise aux salariés. Une dynamique vertueuse Au cœur du parc du Bois du Château, le Gaec du Champ des Tours a ainsi vu le jour en 2021. Nina et Jérémy, les deux associés, ont trouvé leur voie professionnelle. Et, plus largement, c’est toute la vie du quartier qui bénéficie aujourd’hui de la dynamique enclenchée, avec des actions menées auprès des habitants sur des thématiques comme l’accès à une alimentation saine ou l’autoproduction alimentaire. Forte de ce premier succès, la méthode a essaimé. Trois nouveaux projets « Fais pousser ton emploi » ont été lancés sur le département. À Hennebont, par exemple, Stéphanie, Typhaine et Margaux ont remis en culture une parcelle agricole jouxtant l’Ehpad Sainte-Marie. « Il a fallu monter les tunnels, mettre en place l’irrigation, lancer les cultures… Cela a été une sacrée aventure humaine, reconnaissent les jeunes femmes. Mais, aujourd’hui, la ferme “Grelinette et Fergusson” propose une vingtaine de variétés différentes de légumes. Une production qui est écoulée en circuit court. Nous fournissons la cuisine de l’Ehpad, la cuisine centrale d’Hennebont, un restaurant… Et chaque jeudi, de 15 à 18 h, une vente directe est organisée sur la ferme ». En novembre prochain, Stéphanie et Typhaine s’installeront sur le site. Avec toutes les cartes en main. « Ce dispositif n’a que des avantages. Nous n’avons pas pris de risques financiers, nous avons été formées, nous avons créé du lien social… Cela nous a permis d’aller beaucoup plus vite ! » Lever les freins à l’installation À l’heure où l’agriculture doit faire face à la problématique du renouvellement des générations, « Fais pousser ton emploi » constitue, en tout cas, un outil efficace et complémentaire aux mesures déjà existantes. « Notre approche permet de lever les freins à l’installation que sont les manques de réseau, de financement et de confiance en soi, souligne Max Shaffer. Et c’est l’occasion de relocaliser de la production alimentaire en créant des fermes sur le territoire ! » La méthodologie étant parfaitement rodée, l’association recherche en permanence des terres pour accueillir de nouvelles fermes. « Collectivités, entreprises, particuliers… Nous invitons tous ceux disposant d’une surface agricole d’au moins un hectare et souhaitant la valoriser à nous contacter par mail (contact@faispoussertonemploi.fr), afin d’étudier les possibilités de partenariat ». De quoi envisager un avenir agricole avec Optim’ism ! Jean-Yves Nicolas En savoir plus : www.optim-ism.fr

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