Ils ont recours à des alternatives à la paille

Les éleveurs laitiers bio réfléchissent à des alternatives à la paille venue du conventionnel. Certains éleveurs s’orientent d’ores et déjà vers d’autres types de litières. « Pour les vaches laitières, la réglementation bio impose une aire de couchage sèche, suffisante et recouverte d’une litière constituée de paille ou d’autres matériaux naturels adaptés (copeaux de bois, farine de paille…). De la paille conventionnelle peut être utilisée en litière mais pas pour l’alimentation. Les éleveurs bio se posent toutefois des questions sur le transfert des éléments contenus dans la paille conventionnelle (pesticides, herbicides...) dans l'environnement même de l'élevage biologique, l'impact de cette utilisation sur les effluents d'élevage, l’ingestion de cette paille par les animaux, la dépendance au conventionnel, le coût de la paille… », a cadré Élodie Joubrel, d’Agrobio 35, lors d’une conférence sur les alternatives à la paille conventionnelle, au salon La terre est notre métier. Farine de paille et système lisier Sur le Gaec du Landier à Maxent (35), les éleveurs utilisent de la farine de paille pour leurs 80 vaches laitières. « Nous avons remplacé l’aire paillée par des logettes matelas ou tapis en 2003, la consommation de paille est alors passée à 28 t/an. Et en 2019, nous avons opté pour de la farine de paille qui fait baisser la consommation de paille à 4,6 t/an », témoigne Yannick Joubrel, un des associés. La paille est broyée par un prestataire pour un coût de 80 €/t. Côté mode d’emploi, les bouses sont raclées, puis la farine de paille est répartie manuellement dans les logettes : 7 kg par passage (entre 0 et 2 fois par jour). « Il faut compter 15 minutes par passage. » Des adaptations ont été réalisées, notamment la mise en place d’une fosse de 1 000 m3. « L’objectif de départ de cette évolution était de se mettre aux normes sur les effluents et d’être autonomes en paille. Pour l’aire paillée des génisses, nous avons besoin de 36 t/an. Aujourd’hui, nous vendons des excédents de paille. » Fine de bois sur logettes matelas Sur le Gaec Les quatre chemins à Mellé (35), de la fine de bois (6,5 t par an) est utilisée sur les 98 logettes matelas depuis 2019. « Cela permet de recycler les sous-produits de la production de copeaux pour les chaufferies et cela renforce l’autonomie », souligne Marcel Dubois. La matière première provient des 15 km de haies de l’exploitation, en évitant d’utiliser les résineux. Dans le mois qui suit la taille, les branchages de diamètre inférieur à 7 cm sont déchiquetés en fine de bois pour un coût d’environ 4 €/ m3. « Elle est stockée dans un hangar aéré jusqu’à un taux d’humidité inférieur à 30 %. » Le temps de travail (raclage et distribution manuelle) est de 30 minutes/passage (0 à 2 fois/j). Pour les taries et les génisses, de la fine de bois est placée en sous-couche de 20 cm avant des paillages successifs, sans brassage. Du miscanthus ensilé pour davantage d’autonomie Benoît Canto à Val-Couesnon (35) a fait le choix de s’orienter vers du miscanthus ensilé alors qu’il devait acheter 100 t de paille par an dans son système en aire paillée avec 75 vaches laitières (conventionnel). Installé en 2015, il a commencé à planter du miscanthus il y a 5 ans. Aujourd’hui, 6 des 90 ha de SAU sont dédiés à cette culture dont le coût est proche de 3 000 €/ha. « La première année, on ne récolte rien. Après 5 ans, j’obtiens 20 à 25 t/ha. En morceaux de 22 mm de longueur, le miscanthus est stocké en vrac dans un bâtiment sec », précise l’éleveur. Après curage, une couche de 20 cm est distribuée au godet sur l’aire de couchage qui, à partir de 15 jours, est brassée au tiller à dents quotidiennement (10 minutes/j). « Je paille dessus quand le miscanthus est saturé pour repousser le curage réalisé tous les 3 à 6 mois. À ce stade, je ne brasse plus pour éviter les échauffements. » Un système de chien électrique permet de réduire le salissement de la litière. La ventilation aussi est importante. Pour les génisses, le miscanthus ensilé est utilisé en sous-couche de 20 cm avant des paillages successifs sans brassage. Pour les épandages de fumier de miscanthus, une vigilance s’impose sur les quantités. « J’en mets 5 à 6 t/ha. » Des alternatives à la paille existent telles que les copeaux de bois, les sables calcaires, la farine de miscanthus, la sciure de bois ou encore les fanes de maïs. Le réseau bio a réalisé un « Guide des alternatives à la paille conventionnelle » qui peut être commandé sur le site https://www.agrobio-bretagne.org (12 €).

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