11436.hr - Illustration Une politique d’élevage volontariste

Une politique d’élevage volontariste

Le gouvernement fédéral veut mener une transformation de son élevage au pas de charge. Le budget est prévu en conséquence : 2,5 à 3,5 milliards d’euros par an, pendant 20 ans.

Vieillissement de la population agricole, prix bas, manque de perspective pour les jeunes agriculteurs : l’élevage allemand souffre des mêmes maux que son homologue français. Et puis, comme en France, les consommateurs se disent préoccupés par la condition animale, compatissent sur le sort des éleveurs, se disent prêts à payer plus cher la qualité… mais en restent aux incantations et promesses non tenues.

Ce qui a conduit l’ancien ministre allemand de l’Agriculture, Jochen Borchert, à considérer que, « le bien-être animal en tant que bien public a besoin d’un financement public ». D’où l’engagement de l’État fédéral de mettre la main à la poche. Et pas qu’un peu…

Prendre de l’avance

Ce colossal programme de 60-70 milliards pour l’élevage sur 20 ans est né du projet KNW, souvent appelé « commission Borchert ».
La nouvelle coalition ne remet pas en cause, bien au contraire, ce projet qui vise à apporter un niveau de bien-être animal au-dessus de la norme légale. Étant entendu que, selon les Allemands, le droit réglementaire européen sur le bien-être animal sera inévitablement renforcé en 2030 ou 2040. Donc il s’agit de prendre de l’avance sur une tendance lourde, inéluctable.
Preuve que le projet avance, les ministres de l’agriculture des différents länders et le ministre fédéral, Cem Özdemir, ont convenu de se retrouver en mars pour définir sa mise en œuvre, même si les événements internationaux risquent de retarder la rencontre.

Gros programme d’investissement

La commission Borchert a établi quatre niveaux de bien-être en élevage (de 0 à 3). De nombreux élevages sont notés 0 aujourd’hui et l’objectif est que tous les élevages soient au niveau 2 en 2040 ; pour information, le niveau 3 correspondant à peu près aux exigences demandées aujourd’hui en bio. Autrement dit, dans la projection de l’élevage de 2040, les caillebotis n’existent plus, la surface par animal est revue à la hausse, les parcours extérieurs deviennent la règle, etc. En contrepartie, l’État participe à un gros programme d’investissement dans la transformation des bâtiments, compense l’augmentation des coûts de production (charge de travail supplémentaire, litière, baisse de densité, etc.). S’agissant d’une politique à long terme, la prime « bien-être animal » est contractuellement garantie.
Parallèlement, un étiquetage spécifique « bien-être » s’appliquerait aux produits agricoles répondant aux nouvelles normes. Les aliments ainsi étiquetés devant inciter et accompagner une « consommation consciente » qui pourrait, selon l’étude, faire revenir les végétaliens et végétariens vers une consommation modérée d’aliments d’origine animale. Tout cela avec un prix consommateur sans hausse.

Le visage de l’élevage change

Aujourd’hui, en Allemagne, près de 90 % des truies sont dans des élevages de plus de 500 mères. Si les tendances se poursuivent au rythme actuel, il ne resterait, en 2040, que 1 600 à 1 900 exploitations de naissage dans le pays, soit une baisse estimée à 75-78 % par rapport à 2020. Les prospectives tablent qu’en 2040, près de 90 % des vaches laitières seront dans des exploitations de 100 vaches dont 70 % dans des unités avec plus de 200 vaches. La commission Borchert estime que la consommation des différents groupes de produits se développera très différemment de 2020 à 2040 : porc (-21 %) ; bœuf (- 6 %) ; poulet (+ 5 %) ; produits laitiers (+ 8 %).


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