Transmettre rigueur et passion

Alexis Poulaud a longtemps espéré conduire sa propre ferme. Il est finalement devenu pédicure pour bovins et désormais formateur au Rheu.
« Mon objectif était de m’installer. Mais, entre la conjoncture difficile et la difficulté à trouver une ferme, le projet a capoté. Une grosse déception », raconte Alexis Poulaud, 27, ans. Heureusement, ce non issu du milieu agricole a su rebondir : depuis quatre ans, il est pareur pour la société Multi Services Bovins (MSB) sur le sud de l’Ille-et-Vilaine et en Loire-Atlantique. Cette profession, il ne l’a pas embrassée par hasard. « Mon premier maître de stage en BEP insistait sur l’importance du parage. Il m’a mis ma première rénette dans les mains. Ensuite, partout où je suis passé comme stagiaire ou salarié, j’ai eu l’occasion de pratiquer. Chez mon dernier patron, nous avons même mis en route et amélioré une cage de parage artisanale pour être plus réactifs sur la santé des pieds », se remémore le jeune homme.
Jamais monotone
S’il ne voulait plus être salarié d’élevage, pas question de quitter le monde laitier. « Je cherchais un nouveau défi aux services des éleveurs. J’ai pensé à la génétique, à la diététique… » Et finalement, début 2018, il a été embauché par MSB et formé en interne. « En parage, le travail ne manque pas car la santé des pieds est devenue un enjeu central. » Désormais, il passe ses semaines à aller de ferme en ferme. « Le métier n’est jamais monotone. »
Consciencieux de nature, l’application et l’implication d’Alexis Poulaud ont vite été repérées chez MSB où il travaille désormais à « l’amélioration continue » des 33 pareurs en favorisant l’harmonisation et le partage des savoirs et savoir-faire. Et, cerise sur le gâteau, il vient d’intégrer l’équipe d’encadrants de la formation « Pédicures pour bovins » au Rheu (35). « C’est à la fois une grande fierté de pouvoir transmettre et une vraie responsabilité pour quelqu’un d’assez neuf dans la profession. D’un autre côté, cela m’aide à me mettre toujours à la place des jeunes que nous formons », confie-t-il. Avant d’insister sur la précision et la technicité du geste bien sûr, mais plus globalement de toute l’approche santé du pied. « C’est une discipline où on ne peut pas se reposer sur ses lauriers. En quatre ans seulement, je l’ai déjà vue évoluer… »
Inspiré par la rigueur en production porcine
Avec les apprenants, Alexis Poulaud est calme et souriant. Dans le travail en petit groupe, il ne laisse rien au hasard : chaque pied levé par un élève est visé, repris si besoin et analysé collectivement. « L’esthétique, c’est bien. Mais cela ne doit jamais se faire au détriment du fonctionnel. » Le spécialiste a ce sens du détail indispensable aussi bien au bon pédagogue qu’au bon pareur. « J’ai été responsable de maternité pendant deux ans. La production porcine se caractérise par la rigueur, la technicité, un suivi à la pointe… Je m’inspire de cet esprit-là dans mon quotidien de pareur. C’est ce qui manque le plus dans les ateliers laitiers pour améliorer la santé des pieds : anticipation, suivi par lots, détection précoce, hygiène irréprochable, approche protocolaire… » Des carences qui renvoient aussi au manque de formation des éleveurs en général sur le sujet. « En lycée agricole, on enseigne la génétique, l’alimentation, la reproduction… Mais dès l’école, les élèves devraient être sensibilisés aux boiteries, désormais 2e pathologie en atelier laitier, et aux bases du parage. »