Un avenir fécond

Les trois mois de confinement où tout était à l’arrêt ont paradoxalement été d’une grande intensité. Se mettre en pause a été très fécond pour la pensée critique ; le monde des idées a connu l’effervescence des grands desseins. De la multiplicité des étincelles qui ont crépité dans les têtes jaillira, à coup sûr, un horizon nouveau et de nouvelles espérances. C’est enthousiasmant d’imaginer que l’effondrement puisse ne pas être l’unique voie. Et de découvrir qu’il existe encore des chemins de traverse inexplorés que l’homme, dans sa vulnérabilité et sa fragilité, a entrepris de débroussailler. Au bout de ce chemin hérissé d’écueils et d’épines surgira, à n’en pas douter, un terrain fertile, de grande beauté, à l’image de cette terre fraîche et nue de laquelle jaillit la plantule au printemps. Dans l’impensable d’hier figure le germe d’une promesse pour demain.

« Les crises génèrent des forces créatrices », résume le philosophe Edgar Morin. Sauf que les « directeurs de conscience » adeptes d’un monde rectiligne n’ont aucun intérêt au changement. Les injonctions à consommer du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, résonnent en écho à ces sommations de remettre dans le même ordre ce qui a été mis en désordre par la crise. Mais, pas plus que l’injonction à changer n’est fertile, l’injonction à continuer comme avant est stérile. Car, quand tout était suspendu, la société a développé une autre sensibilité au monde qui l’entoure. Elle en appelle désormais à un autre modèle de développement moins débridé, moins prédateur. L’agriculture est directement concernée par les changements structurels annoncés. Il faut s’y avancer sans crainte. Car dans toute transition, il y a une notion de réussite comme l’évoque la racine latine commune aux deux mots. Aux paysans de s’en saisir, sans s’en laisser dessaisir.


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