Vite dit

Ose-t-on le dire ; encore moins l’écrire ? C’est une belle année… Du point de vue agricole s’entend-on : un peu de pluie au bon moment, beaucoup de soleil. Les cultures se régalent et le paysan savoure sa satisfaction de la belle ouvrage qu’il partage avec son alliée, la nature. Oubliée la pluie excessive de l’hiver. En ce mois de mai, l’herbe étale sa belle parure vert profond dans les prés, les céréales ont les feuilles larges des jours gras et les maïs alignés en rangs d’oignons promettent de pousser les murs à l’automne.

C’est une belle année. Osons l’écrire. Parce que cela faisait des années que telle louange n’avait pas été chantée aux agriculteurs comme pendant la période de confinement.

Et c’est une belle année puisque, nous rappelant la fragilité humaine, la pandémie nous enjoint de construire un nouveau projet de civilisation. Du neuf ! Du neuf taillé par les ciseaux de la Parque. D’accord, le monde nouveau cousu au fil d’or par les divinités romaines de la destinée humaine n’est sans doute pas pour demain à en croire la ruée, dès le 11 mai, des consommateurs dans les magasins affichant les meilleurs prix. Ah qu’il est difficile de s’arracher au monde d’avant ! Pendant le confinement, les ventes de steak haché ont explosé en grande distribution de 65 % au rayon surgelé, « seulement » de 32 % au rayon frais. Le consommateur est décidément une fine bouche du prix. À ce tarif, l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mexique portant sur l’importation 20 000 t de viande bovine est assuré de beaux jours. Finalement… ce n’est peut-être pas une belle année agricole. À quoi bon se réjouir de gras pâturages et de bons rendements en devenir si le consommateur n’a pas l’appétit ou les moyens pour partager les agapes des champs.


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