- Illustration Suivre le fil de l’araignée
La dolomède commune est capable de marcher sur l’eau. © Emmanuel Holder

Suivre le fil de l’araignée

Les araignées ont un rôle écologique de premier ordre. Il en existe une grande variété dans nos campagnes. Rencontre avec un mal-aimé pourtant fascinant.

Elle fait tantôt bondir par son approche silencieuse et son déplacement rapide, tantôt fascine quand elle tisse sa toile ou emmaillote sa proie. Sa drôle de forme avec ses 8 pattes fait peur, peut même être à l’origine de cauchemars les plus horribles. L’araignée est partout, dans nos maisons et dans la nature. C’est pourtant un animal précieux et fascinant doté de facultés très particulières.

Emmanuel Holder s’est pris de passion pour l’arachnide très commun. Ce naturaliste-photographe immortalise les belles à huit membres aussi bien dans la réserve naturelle du Venec (29) qu’au bord de sa fenêtre ou dans sa cave. « Toutes les araignées sont prédatrices, sauf un spécimen de l’Amazonie dont on pense que le régime alimentaire est herbivore ». Il existe quelque 40 000 espèces d’arachnides sur terre, beaucoup sont encore à découvrir.

[caption id=”attachment_44911″ align=”aligncenter” width=”720″] Emmanuel Holder, à droite, connaît parfaitement la biodiversité des landes du Venec et d’ailleurs. Il propose des visites commentées tous les mercredis de juillet et d’août. © Victor Leroy[/caption]

Jus de mouche

Rassurez-vous : le sol français n’abrite aucune espèce d’araignée mortelle. En revanche, toutes sont venimeuses. C’est même obligatoire pour pouvoir se nourrir : le baiser mortel infligé à ses proies va liquéfier les matières, l’araignée va ensuite boire ce jus nourrissant pour subvenir à ses besoins. « L’araignée n’est pas capable de mâcher ».

Certaines araignées font preuve de mimétisme pour approcher leurs victimes, en mettant une de leur paire de pattes en l’air afin de se confondre avec les fourmis pour mieux les dévorer. « Leur vision est très moyenne. Selon les espèces, elles disposent entre 0 et 8 yeux. Les pattes-mâchoires sont des organes de premier ordre, qui servent à sentir leur environnement ».

Une toile de maître

C’est bien connu et au grand dam des amoureux des maisons bien rangées, l’araignée tisse sa toile. En réalité, « toutes font un fil », précise le naturaliste qui distingue 3 groupes. Les premières, définies comme orbitales ou géométriques, tissent des toiles pour piéger leur nourriture. Les deuxièmes forment des toiles irrégulières. Enfin, les dernières ne tissent pas de toile.

Et malheur à celui qui tombe dans le panneau. « L’araignée dispose de 6 glandes séricigènes différentes, capables de produire diverses qualités de fils ». Ainsi, le fil utilisé pour construire le cadre de la toile est particulier, en étant 5 fois plus résistant et 4 fois plus élastique que l’acier… « Il peut supporter 45 tonnes / cm2 », chiffre Emmanuel Holder. Si chaque araignée a sa toile, le naturaliste peut définir l’espèce en comptant le nombre de rayons fabriqués dans ce piège. L’araignée frelon ou argiope frelon construit sa toile en créant un zigzag en son milieu pour stabiliser l’ensemble, mais aussi pour que les oiseaux puissent repérer cette toile et ne pas la détruire en passant au travers.

Un appel au bout du fil

[caption id=”attachment_44909″ align=”alignright” width=”230″] Une argiope frelon. © Emmanuel Holder[/caption]

Toutes les araignées gardent le contact avec leur piège, avec un fil relié entre leur corps et le centre de la toile. Le moindre moucheron collé sur un fil alerte l’arthropode. Une fois le venin injecté dans sa proie, l’araignée va utiliser un fil différent, beaucoup plus collant, pour immobiliser sa victime, qu’elle consomme en plusieurs fois.
« La toile est quasiment refaite tous les jours. L’araignée mange son ancienne toile avant d’en refaire une autre ». Chez les araignées à toile irrégulière comme la tégénaire, la toile une fois tissée n’est refaite que si elle est sale ou détruite. D’autres, comme l’argyronète rencontrée dans les tourbières du Venec, vivent sous l’eau. « À l’aide des poils présents sur ses pattes, elle emprisonne de l’air dans une toile confectionnée sous l’eau, de façon à créer une sorte de cloche de plongée. Cette araignée va ensuite attendre qu’une proie passe, pour l’attaquer en nageant vers elle ». Une autre espèce nommée dolomède est capable de marcher sur l’eau, pour mieux fondre sur sa nourriture aquatique. « Elle est capable de rester 15 minutes sous l’eau ».
L’araignée est capable de coloniser les terres les plus lointaines en prenant la poudre d’escampette : « Le ballooning, technique qui consiste à laisser le fil être emporté par le vent, fait voyager les araignées ». Certains arachnides ont ainsi pu être repérés au large sur des îles distantes de plusieurs centaines de kilomètres de continents.

Le programme de Ti Menez Are

Après la découverte des araignées par Emmanuel Holder, les rendez-vous de Ti Menez Are proposent le 10 avril à 20 h de se pencher sur « la migration chez nos oiseaux de campagne », avec l’intervention de Serge Kergoat. Le 19 juin, à 20 h, rendez-vous pour une « Conf’ spectacle : une histoire armoricaine du métal », par Malo Kervern. Renseignements : Ti Menez Are, Garzuel à Brasparts. 02 98 81 47 50, contact@timenezare.bzh.


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