- Illustration Voir ses chèvres à travers le prisme d’une caméra
La caméra permet une vraie prise de conscience de comportements anormaux, non biaisés par la présence d’un humain dans les bâtiments. 

Voir ses chèvres à travers le prisme d’une caméra

L’observation du comportement des chèvres sans la présence de l’humain permet de remettre en question certaines pratiques.

Quand le chat n’est pas là, les souris dansent, selon l’adage. Mais à défaut de chat et de souris, que se passe-t-il dans les bâtiments quand l’éleveur n’y est pas ? Mickaël Séveno, chevrier installé à Saint-Allouestre (56), a souhaité le savoir. Il a ainsi profité du nouveau service proposé par BCEL Ouest depuis septembre dernier pour suivre deux lots de chèvres pendant 24 heures. « Avec une photo prise toutes les 10 secondes, il en résulte un film de 30 minutes, riche d’enseignement sur le comportement de l’animal », présente Maëlys Chaudron, conseillère bovin et caprin à BCEL Ouest. Si le système existe depuis quelque temps en bovin, il est désormais opérationnel en caprin.

Accessibilité et appétence du fourrage

Dans cet élevage morbihannais, le premier point mis en évidence par cette observation fait ressortir que dans un lot, les chèvres boudent l’affourragement en vert récolté sous la pluie, distribué le soir après la traite. Elles arrêtent de le consommer vers 2-3 h du matin. « Vu le refus, je pensais qu’elles en avaient assez. Mais j’ai découvert que ce n’est pas un problème de quantité mais d’appétence du fourrage », précise l’éleveur. « Elles attendaient la distribution matinale de l’ensilage du maïs qu’elles dévoraient ! », précise la technicienne. « Le foin a remplacé l‘affouragement en vert dès que la portance ne permettait plus d’accéder aux parcelles. Il n’y a donc plus de problème de fermentation. À la reprise de la fauche, on gardera certainement la distribution de foin le soir », envisage l’éleveur.

Sur le second lot, plus dense et avec une moindre longueur d’auge, le fourrage est consommé rapidement et elles n’en disposent plus la nuit. Les râteliers à paille muraux, remplis quotidiennement, sont quant à eux vides rapidement, avec une forte concurrence autour du râtelier : « Pour ce lot, c’est la quantité de fourrage distribuée qui est à revoir. Je vais réajuster aussi le nombre de chèvres par lot selon la place disponible à l’auge », précise l’éleveur.

Ce problème d’accessibilité au fourrage provoque une phase longue de repos : « Près de 8 heures d’inactivité la nuit, quand 3 heures maximum sont conseillées », ajoute Maëlys Chaudron. Et, sollicitées par les différentes distributions dans la journée, les chèvres ne disposent que de 1,5 heure de repos l’après-midi.

10 heures de repos par jour

« Si on vise les 10 heures de repos par jour, elles sont bien présentes mais mal réparties sur la journée. Je vais donc réorganiser la distribution des concentrés et des fourrages pour viser une meilleure production », abonde l’éleveur.

Des jeux empêchent les bagarres

Les chèvres qui aiment s’adosser près des murs, occupent ici le milieu de l’aire paillée. Reste à voir si cela résulte de murs extérieurs froids ou de la présence de courants d’air. « Le milieu est par contre enrichi de bidons vides, très sollicités : certaines chèvres passent une heure à jouer avec, ce qui limite les conflits ; aucune bagarre n’est observée dans la vidéo », remarque la technicienne.

En apprendre un peu plus sur son troupeau

C’est intéressant de voir comment le troupeau réagit quand on n’est pas là, voir où elles se couchent, vérifier si les temps de repos entre repas sont respectés, l’utilisation des abreuvoirs, découvrir des chèvres perturbatrices la nuit… Le diagnostic, réalisé avant le tarissement, n’a pas pour le moment été suivi d’aménagement particulier. Mais au printemps, l’ordre de distribution des fourrages et les heures de repas vont être modifiés. Je réaliserai alors un nouveau diagnostic par caméra pour voir les évolutions.Mickaël Séveno, éleveur à Saint-Allouestre (56)


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