Orges : retour sur une bonne année

 - Illustration Orges : retour sur une bonne année
Si l’année 2018 a été décevante pour les orges, 2019 présente de bons rendements. Après des semis plus tardifs, les conditions ont ensuite été favorables à la réalisation d’un potentiel optimal.

En moyenne, les semis ont été réalisés un peu plus tardivement, suite aux recommandations pour faire face à l’arrêt des néonicotinoïdes. Ils se sont déroulés majoritairement fin octobre, voire début novembre, dans de bonnes conditions. Triskalia a mis en place tout un réseau d’observation des vols de pucerons, afin d’intervenir si nécessaire entre le stade levée et 5-6 feuilles de l’orge. Hormis quelques exceptions locales, la protection contre ce ravageur n’a pas été nécessaire, les conditions météorologiques étant devenues moins favorables à sa propagation sur cette période. En sortie hiver, quelques symptômes de jaunisse nanisante de l’orge (JNO) ont pu être observés, sans incidence sur le rendement.

Un gros potentiel de rendement

Une bonne levée et un bon tallage ont favorisé la densité d’épis. De quoi espérer de très gros potentiels, d’autant plus que s’y ajoutait une bonne fertilité, surtout en 2 rangs (autour de 28 à 32 grains / épi). Cependant, le temps sec de mai dans les zones précoces a pénalisé les poids moyens des grains (PMG), inférieurs à l’année dernière. Ceux-ci n’ont pas permis d’atteindre de très hauts niveaux de production.

Gestion des adventices

Le désherbage à l’automne est préférable à celui de printemps, en raison de l’arrêt de matières actives efficaces sur pâturin et aussi pour gérer les graminées résistantes aux sulfonylurées, de plus en plus présentes sur notre territoire. Attention cependant aux applications à base de prosulfocarb, elles sont soumises à l’utilisation de buses anti-dérives, ainsi que le respect de dates et distances par rapport aux cultures non cibles.

Des marquages physiologiques

Fin mars et début avril ont été marqués par de fortes amplitudes thermiques, entraînant de nombreux marquages physiologiques sur les orges. Ce phénomène a été amplifié par des carences azotées ou de l’azote non valorisé (apport fait sur les 15 derniers jours sans pluie), et cumulé parfois par des applications de régulateurs et/ou de fongicides et/ou d’herbicides. Les parcelles plus exposées aux vents ont davantage été impactées. Malgré toutes ces observations, dans l’ensemble, cela n’a pas été pénalisant pour la culture.

Ramulariose et grillure préjudiciables en fin de cycle

Avec des conditions humides sur le printemps, de l’oïdium et de la rhynchosporiose ont pu être observés. C’est finalement, la ramulariose et les grillures polliniques qui ont été les plus dommageables sur la fin du cycle. Dans les essai, la nuisibilité de l’année s’élève à 20 quintaux.

Un réseau d’essais dense pour choisir les meilleures variétés

Les résultats ci-dessus sont issus d’un réseau d’essais Triskalia, couvrant l’ensemble de la Bretagne. En variétés 2 rangs, Maltesse talonne en rendement les variétés 6 rangs hybrides. Preuve de sa régularité et de son haut potentiel, c’est la 5e année consécutive qu’elle tient cette position. Bien adaptée à toutes zones, elle est constante d’un site à l’autre. Son point faible est la rouille naine qu’il faudra contrôler en cas d’attaque. Sur ce créneau des variétés demi-précoces à demi-tardives, Memento est la référence en PS. Elle présente également une très bonne tolérance au complexe maladie rhyncho-helmintho-rouille naine. Sur le créneau demi-précoce à épiaison (6,5), Newton et Amandine amènent 7 q de plus qu’Augusta.

Amandine, en plus d’apporter du rendement, maintient le PS d’Augusta. Newton est un peu plus tardive à montaison. Malgré son aspect flatteur en végétation, Augusta termine dernière des essais. Mangoo, variété hybride, ressort la première en rendement. Elle se positionne à +3,5 q de la meilleure variété 2 rangs (et +7 q en moyenne des variétés 2 rangs) avec un poids spécifique (PS) proche de celui des 2 rangs (-1 point). Sy Pool, nouveauté 2019, renforce la gamme hybride Triskalia en apportant plus de rendement et surtout un PS supérieur. Sur le créneau de la tolérance JNO, KWS Jaguar est le meilleur compromis rendement / PS. Elle se démarque par une bonne productivité et un très bon PS pour une variété 6 rangs. Son rendement est à la hauteur des meilleures variétés 2 rangs, avec un PS également proche des 2 rangs. Seul point de vigilance pour cette variété : la verse (notée la plus sensible dans les essais).

Colza : de bons résultats dans l’ensemble

Après une année 2018 décevante, 2019 revient dans la bonne moyenne en rendements. Dès les premières récoltes, nous avons eu de bons échos pour le colza. Les dernières parcelles sont en cours de récolte et les rendements varient globalement entre 35 et 45 quintaux. Les enseignements de 2018 ont servi. Des semis plus précoces ont limité la pression altises et, une fois bien installé, le colza n’a pas été perturbé par les bio-agresseurs. La densité de colza pouvait laisser espérer de très bons résultats. Un peu de maladie en fin de cycle, le mois de juin un peu pluvieux et un “coup de chaud” ont limité l’expression maximale du rendement. En fonction des terroirs, les variétés précoces ou tardives s’expriment mieux que les autres.

Architect, variété semi-précoce avec une très bonne capacité d’installation et une tolérance au TuYv (virose véhiculée par le puceron), ressort bien dans les premiers essais récoltés. Es Capello, sur un créneau plus tardif avec un bon comportement automnal, exprime également tout son potentiel.

Charlotte Carn & Philippe Lécuyer / Triskalia


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