Le chauffage sera certainement un facteur important pour réussir à lutter contre les pododermatites. C’est dans ce but que Jean-Michel Choquet, éleveur à Trédion (56), s’est équipé d’aérothermes alimentés par une chaudière gaz en attendant de pouvoir le faire avec une chaudière à fumier.
« La directive européenne bien-être qui fixe la norme de 3 000 ppm de CO2 à ne pas dépasser sur un lot de poulet et le respect des pododermatites fait que nous avons doublé nos consommations de gaz pour chauffer nos poulaillers. Ces critères font aussi qu’il faudra oublier les modes de chauffage par combustion interne dans les poulaillers qui dégagent du CO2 et de l’humidité », observe Jean-Michel Choquet, aviculteur à Trédion (56). Aujourd’hui, pour chauffer les poulaillers en production de poulet lourd l’éleveur utilise de l’eau chaude produite avec une chaudière à gaz. Cette eau chaude alimente des aérothermes qui pulsent de l’air chaud dans le poulailler. « Ces aérothermes, lorsqu’ils se mettent en route, permettent de déstratifier l’air chaud qui s’accumule en hauteur pour homogénéiser la température. »
Explorer les alternatives au gaz
Pour produire du poulet lourd et passer sous les 30 % voire sous les 15 % de taux de pododermatites, il faut chauffer et ventiler plus afin de conserver une litière la plus sèche possible. Cela va remettre en cause le modèle “ tout gaz“. « Nous devons explorer des pistes d’alternatives au gaz. Aujourd’hui, avec l’abandon de la taxe carbone, le gaz reste encore l’énergie la moins coûteuse. Mais pour combien de temps », s’interroge Jean-Michel Choquet. Les chaudières à bois ou à biomasse peuvent être une solution intéressante. « À ce jour, les installations sont coûteuses et le faible taux de subventions ne permet pas d’y trouver une rentabilité. Il faut ajouter que les plaquettes de bois sont aussi relativement onéreuses. Sur mon exploitation, avec une chaudière bois il me faudrait 40 000 € de plaquettes tous les ans pour chauffer. » Pour Jean-Michel Choquet, l’idéal pour la filière avicole serait de pouvoir chauffer grâce au fumier produit sur l’élevage. Il indique : « Le dossier est en cours de validation, mais c’est très long. C’est un combustible qui est gratuit pour nous. De plus, il a un intérêt en termes de communication car c’est de l’économie circulaire. »
[caption id=”attachment_40639″ align=”aligncenter” width=”720″] Il faut chauffer et ventiler plus pour éviter le développement des lésions plantaires.[/caption]
Préchauffer 4 jours avant l’arrivée des poussins
L’aviculteur préchauffe ses poulaillers 4 jours avant l’arrivée des poussins avec une température de consigne à 34 °C. « Les trappes sont fermées, les ventilateurs arrêtés pour optimiser le préchauffage. Je peux me permettre de le faire car je n’ai pas de combustion donc pas de CO2 à évacuer. Le préchauffage conditionne tout le lot, ce n’est pas sur ce poste qu’il faut essayer de faire des économies. » Sur chaque lot, Jean-Michel Choquet consomme en moyenne 38 250 kW/h d’énergie, soit entre 2,8 et 3 t de gaz par lot pour 1 700 m2. 7 % de cette consommation est consacrée au préchauffage. « La bonne gestion des pododermatites est un objectif atteignable qui passe par un plan de modernisation du parc bâtiment. Le plan d’aides initié par la Région Bretagne a tout son intérêt. Par contre, la baisse des incitations des acheteurs sur les taux de pododermatites n’est pas un bon signe. Passer de 30 à 15 % de taux de podo pour accéder à la prime peut décourager des éleveurs car la barre est placée très haut. Cela peut être contre-productif au moment de lancer le plan de modernisation des bâtiments » , fait remarquer l’aviculteur.