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Nécessaires productions animales

Manger de la viande est nécessaire pour vivre sans compléments alimentaires.

Les filières viandes françaises sont ébranlées par les attaques récurrentes des vegans. Pour prendre un peu de hauteur sur le sujet, Les Z’Homnivores * ont organisé un colloque le 11 décembre à Rennes, « 2030, humanité omnivore ? ». Premier point rappelé par Philippe Legrand, de l’Inra, « on ne peut pas se passer de produits animaux dans notre alimentation sans complémentation. La vitamine B 12 ne se trouve que dans le règne animal. Le fer, la vitamine A, l’iode, le zinc ne sont pas suffisamment disponibles dans les végétaux… Un adulte faisant de l’éviction de produits animaux prend de toute façon un risque. S’agissant des enfants, l’éviction est très grave et peut conduire au décès. » Dans les années futures, les nutritionnistes vont se pencher davantage sur les quantités recommandées.

Complémentarité entre animaux et végétaux

Mais au-delà des aspects nutritionnels, « un monde sans élevage est un non-sens pour nourrir l’ensemble de la planète. 80 % de ce que mangent les animaux dans le monde sont de la biomasse que nous ne pourrions pas consommer : herbe, co-produits », déclare Jean-Louis Peyraud, de l’Inra. Par ailleurs, les animaux permettent de fertiliser les cultures. Par contre, « il ne faut pas transposer les régimes de l’Europe ou de l’Amérique du Nord sur l’ensemble de la planète car ils sont bien trop riches en viande. Il faudrait 20 à 40 % de protéines animales dans l’alimentation humaine pour trouver un équilibre. »

Par ailleurs, « nous sommes sans doute allés trop loin dans nos systèmes d’élevage des pays développés, avec des importations massives de soja et des problèmes environnementaux. Nous pouvons exporter un peu, mais l’élevage ne doit pas avoir d’impacts négatifs sur l’environnement », résume le scientifique. Et d’ajouter : « Avec des élevages trop intensifs, on se heurte à des problèmes d’éthique, de bien-être animal. Or, c’est un enjeu majeur pour les systèmes de production demain. » Attention toutefois à ne pas pousser le bouchon trop loin car un monde ouvert peut amener à des importations de viande à très bas coût. « On aurait tout perdu : les bienfaits de l’élevage chez nous et des questions sur le bien-être des animaux dans des élevages ultra-intensifs ».

Une démarche constructive recherchée

Corine Pelluchon, philosophe, fait partie des gens qui ne consomment pas de produits animaux. « J’essaye d’accompagner ce mouvement qui vise à passer de la dénonciation à une démarche plus constructive. Il est temps de mettre en avant les points sur lesquels nous sommes d’accord : faire plus attention aux conditions de vie et de mort des animaux d’élevage, les laisser exprimer la plupart de leurs besoins et apporter un revenu décent aux éleveurs. » Autre piste, « l’étiquetage “bien-être animal” intéresse les populations. » Pour Malo Bouëssel du Bourg, directeur de Produit en Bretagne, « les professionnels des filières animales doivent accepter de dialoguer et faire l’effort d’écouter vraiment » les avis divergents, pour « se donner la chance de trouver des solutions nouvelles. » 

* Le collectif « Les Z’Homnivores » est constitué de : Agriculteurs de Bretagne, UGPVB, Interbev Bretagne, Abea, Produit en Bretagne, Chambre d’agriculture.


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