Jeltsje Algera, Productrice de lait à Plouisy (22) - Illustration Au Pays-Bas, l’éleveur ne parle jamais de prix du lait
Jeltsje Algera, Productrice de lait à Plouisy (22)

Au Pays-Bas, l’éleveur ne parle jamais de prix du lait

La mentalité néerlandaise offre une autre approche du métier de producteur de lait.

Depuis 2016, les Pays-Bas sont devenus le 1er exportateur européen de produits laitiers devant l’Allemagne (45 % de sa production vers le marché intérieur européen et 20 % vers les pays tiers). « Ce n’est pas neutre pour un petit pays qui fait 1,5 fois la surface de la Bretagne et compte 17 500 exploitations laitières », souligne Jeltsje Algera, productrice de lait d’origine néerlandaise installée à Plouisy (22) depuis 25 ans. « Le commerce est dans nos veines, sans même avoir besoin de l’apprendre. »

Investir dans le lait ou placer dans sa laiterie

Les Pays-Bas comptent aujourd’hui 54 usines laitières depuis l’installation récente d’un groupe chinois dans le nord du pays. « 85 % des éleveurs sont membres et propriétaires d’une coopérative. Les producteurs ont 200 % confiance en leur coop : ils élisent des représentants qui siègent dans les conseils d’administration et les adhérents ne posent jamais de question sur le prix du lait. En fait, le prix du lait est un non sujet. » Pour l’élue à la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor, en France, on se focalise trop sur ce prix du lait. « C’est juste un chiffre parmi les autres. » Les Néerlandais sont tout autant concentrés sur le coût alimentaire, la qualité du lait, les frais vétérinaires… « Et quand les résultats sont bons, ils placent de l’argent sous forme d’obligation au sein de leur laiterie ou plus souvent investissent dans la production de lait – robot, bâtiment, salle de traite… -, pas dans les tracteurs ou le matériel. » Tout est calculé, optimisé. Les journées techniques payantes sont vues comme un investissement, se former comme une opportunité, rapporte la Bretonne à la double culture, experte sur la mentalité des producteurs néerlandais.

68 000 € de revenu 2017 / UTH

« Ces derniers s’épanouissent dans un challenge. Ils visent toujours le long terme. » Les éleveurs se chargent de la production. Soumises à la compétition, les coopératives s’occupent de la collecte, de la transformation et du marketing avec pour objectif de ramener du revenu aux producteurs. « Aux Pays-Bas, un salarié coûte 40 000 € à l’année. Mais, en 2017, le revenu moyen d’un producteur de lait se situait à 68 000 € par UTH, pour une fourchette allant de 25 à 100 000 €. » 


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