Nos chats doivent tout à l’agriculture

Le chat domestique actuel est un lointain descendant du chat sauvage présent au Proche-Orient au début du Néolithique. Il a suivi la population des premiers agriculteurs.

L’homme et le chat ont fait cause commune, il y a 10 000 ans, au Proche-Orient. Le premier s’est mis à produire des grains d’orge et de blé. Le second, attiré par l’afflux de rongeurs dans les greniers, s’est mué en gardien de la richesse naissante. Le chat protégeait les céréales des rats mais aussi l’homme des serpents, des scorpions et des autres espèces venimeuses. Leurs intérêts convergents les ont liés jusqu’à notre époque. L’homme a, très tôt, adopté le félin. Un squelette de chat a été trouvé à Chypre dans une tombe d’enfant datant de 7 500 avant Jésus-Christ. Une tombe contenant exclusivement les ossements de plusieurs chats non apparentés a été mise au jour dans un cimetière égyptien remontant à 4 500 ans avant Jésus-Christ. Les 13 millions de chats domestiques français descendent non pas des chats sauvages européens mais de ces sentinelles du croissant fertile. Des études génétiques récentes viennent de le démontrer.

Domestication

Des chercheurs de l’institut Jacques Monod* se sont focalisés sur l’ADN mitochondrial des individus, transmis exclusivement par la mère (recherche sur 350 échantillons de squelettes retrouvés). Les résultats sont sans appel : c’est bien le chat du Proche-Orient (lybica) qui est l’ancêtre des chats domestiques actuels. Deux vagues de domestication ont été mises au jour. La première vague arrive au moment de la néolithisation de l’Europe, il y a 5 000-6 000 ans. On voit se généraliser à tout le continent la signature génétique de la variante de lybica. Le chat a-t-il suivi les populations d’agriculteurs originaires du Croissant fertile, ou est-ce les humains qui l’ont emmené avec eux ? « Difficile à dire, répondent les chercheurs. Les deux, très probablement ».

chaton

Voies maritimes

La deuxième vague lui succède à partir de l’Antiquité classique. La mode du chat égyptien gagne rapidement le monde antique grec et romain, et bien au-delà, puisqu’on le retrouve jusque dans les ports vikings de la Baltique, entre 500 et 800 après Jésus-Christ. Sa diffusion emprunte notamment les voies maritimes, de commerce mais aussi de guerre. « On sait par exemple que les navires de guerre romains embarquaient des chats afin de lutter contre les rongeurs qui détruisaient leurs réserves et leurs cordages. » Mais toutes les modes passent… Après un pic au début de l’Empire ottoman, on voit ensuite régresser la signature génétique du chat égyptien dans la population de chats domestiques.

[caption id=”attachment_34687″ align=”aligncenter” width=”720″]Le gène qui code le pelage, pour les taches, est apparu il y a seulement quelques siècles Le gène qui code le pelage, pour les taches, est apparu il y a seulement quelques siècles[/caption]

Tâches récentes

Contrairement à d’autres espèces qui ont été profondément modifiées par les êtres humains, comme le chien par exemple, le chat domestique reste génétiquement assez proche du chat sauvage. Les services qu’il a rendus aux humains – au premier rang desquels, l’éloignement des rongeurs – ne demandaient pas de pression de sélection particulière. Le gène qui code le pelage, pour les tâches ou marbrures, n’existe que chez le chat domestique, le pelage du chat sauvage étant, lui, exclusivement tigré. Ces taches apparaissent seulement sous l’Empire ottoman, vers les XIe-XIIe siècle. La plupart des races actuelles sont issues d’expériences du XIXe, hormis le siamois, plus ancien. Il arrive régulièrement que des chats domestiques redeviennent sauvages… C’est la raison pour laquelle on retrouve d’infimes traces de lybica dans le génome du chat sauvage européen actuel.

*Eva-Maria Geigl et Thierry Grange

De l'odorat mais peu de goût

Son sens de l’ouïe est particulièrement développé. Le plus faible frémissement est immédiatement localisé dans l’espace. L’angle de vision est non seulement supérieur à celui de l’homme mais aussi beaucoup plus performant que le nôtre en faible lumière. Il semblerait que le rouge lui soit inconnu, et que sa vision ne rende compte que très imparfaitement des détails immobiles. Son odorat compense cette lacune en étant quarante fois plus développé que le nôtre, mais son sens du goût est près de cinq fois moins développé que chez l’humain. Le goût du sucré lui est totalement inconnu. Le chat possède deux petits canaux prenant naissance derrière les incisives qui conduisent les odeurs jusqu’à deux sacs remplis de fluide situés dans les cavités nasales. En cas de doute sur un aliment, il retrousse ses babines et les particules odorantes sont aspirées vers ces deux glandes, qui lui permettent de goûter les odeurs. Le ronronnement stimule la production d’endorphines (substances calmantes), ce qui expliquerait pourquoi un chat peut ronronner non seulement de plaisir, mais aussi lorsqu’il est souffrant, blessé ou même mourant.


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