Le bois des bœufs

Une vieille tour, un rempart, une église suffisent bien souvent de vitrine à une ville pour promouvoir « l’histoire et la richesse exceptionnelle de son patrimoine ». Sorti des enceintes de la ville, le désert culturel dans les champs ? Pas du tout. Chaque embouchure de chemin rural affiche en un ou deux mots son patrimoine immatériel tout aussi exceptionnel. Sur chaque panneau indicateur s’écrit une page d’histoire du village. Park ar Gazeg rappelle ainsi qu’un paysan menait souvent sa jument dans le même champ. Ailleurs, on croisera Hent-ar-Zaouat souvenir d’une route empruntée par les vaches.

Arrêtons-nous maintenant un instant à Coët-Nohen, le bois des bœufs. Jadis le paysan des lieux était sans doute riche d’une paire de bœufs, seigneurs de l’étable jusqu’au XVIIIe siècle. À l’époque un bœuf valait deux vaches. La chanson populaire « J’ai deux grands bœufs dans mon étable » rappelle à sa manière la grande valeur de ces animaux. Le panneau Coët-Nohen invite aussi à explorer le mysticisme qui unit les paires de bœufs comme le sous-tendent toutes ces histoires que l’on contait au coin du feu : « Si l’un des deux vient à mourir, son parion se laissera mourir de faim », affirme l’une d’elles. Il se dit aussi que la nuit de Noël, les paires de bœufs ont la faculté de converser ensemble. Un paysan sceptique voulut en avoir le cœur net. Il se cacha dans l’étable. Quand soudain les deux bœufs se mirent à converser : « Que ferons-nous demain ? demanda le premier. Et le second de lui répondre : « Conduire notre maître en terre… ». Pris de panique le maître mourut la nuit-même.


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