Les visiteurs du Sival ont pu découvrir de nombreuses nouveautés en arpentant les allées du salon. Petit tour d’horizon de certaines innovations.
« Ce sont des outils d’aujourd’hui, pas du futur », a-t-on pu entendre çà et là dans les allées du Sival, salon international des techniques de productions végétales d’Angers (49), qui a fermé ses portes jeudi dernier. Une des innovations présentées, le tracteur autonome Pumagri, développé par la société Sitia et par d’autres acteurs de la robotique, permet de « maîtriser le travail mécanique tout en gardant un débit de chantier suffisant, de l’ordre de 15 ha/jour. Il est polyvalent, en pouvant évoluer sur des cultures légumières comme en viticulture, grâce à son dégagement important », explique Fabien Arignon, directeur de la société. Capable de tracter des outils déjà existants, l’engin est parfaitement autonome pour évoluer 24 h / 24. « Un robot tout électrique utilise de l’énergie pour transporter sa propre batterie. Le Pumagri dispose d’une motorisation hybride, diesel/électrique, qui lui laisse beaucoup plus d’autonomie », résume le responsable. D’une masse totale de 2 t, ce robot a la possibilité de tracter des outils pouvant peser jusqu’à 1,2 t.
Des capteurs intelligents
La technologie investit également les cultures sous abris. Ainsi, Oyo-Lab, start-up française, a mis au point des capteurs nommés « Clima + » mesurant en temps réel l’humidité relative, la température ainsi que la luminosité au sein des cultures. « Les capteurs peuvent être positionnés sur un niveau ou sur 3 de façon horizontale, pour un maillage encore plus efficace. Les informations sont collectées, le système va ensuite chercher les anomalies. Au bout d’une période d’apprentissage, il est capable d’anticiper des conditions particulières et de prévenir le producteur », note Franz Ezin, co-fondateur de la société.
[caption id=”attachment_32309″ align=”aligncenter” width=”720″] En braquant son Smartphone vers les cultures, les capteurs livrent leurs secrets. Des alertes peuvent également être misent en place pour informer le producteur en cas d’anomalies.[/caption]
Concrètement, des capteurs appelés « mères » sont placés sur les fils de culture. Ensuite, d’autres capteurs satellites viennent plonger verticalement dans les plantes. Ces satellites envoient via Bluetooth les informations collectées dans les 3 strates de la serre aux capteurs mères. Ces derniers transmettent les données via le système LoRa, capable de diffuser de petits paquets d’information, « et d’éviter les émissions d’ondes importantes dans les serres où les structures métalliques sont omniprésentes », précise Franz Ezin. En dirigeant son Smartphone vers les cultures, le producteur peut ainsi visualiser ces 3 paramètres pour prendre ses décisions de pilotage. La date de commercialisation de ce « Clima + » est annoncée pour la mi-2018.
Les couverts végétaux séduisent par leur faculté à restituer ou piéger des éléments minéraux, tout en apportant une structuration au sol. Pour leur destruction, l’entreprise lot-et-garonnaise Roll N Sem propose un rouleau type Faca ingénieux, présenté par son directeur, Denis Vicentini.
De la vigne au maraîchage ?
« Un rouleau Faca classique pince la tige mais ne travaille que sur les bosses, en laissant alors des zones non travaillées. En découpant notre rouleau sur des bandes de 5 cm, il s’adapte alors à la morphologie du terrain, en travaillant sur toute la largeur ». Pour l’instant, ce type de matériel est utilisé sur la vigne, pour la destruction de couverts à base de féverole et de graminées, mais aussi sur d’autres espèces comme la phacélie ou la moutarde. « Nous préparons une gamme pour les grandes cultures et pour le maraîchage, en s’adaptant aux configurations de travail ». Le rouleau Roll N Sem peut aussi bien être poussé que tiré.
Rouler des mécaniques pour les légumes
La société italienne Oliver Agro propose des outils de désherbage mécanique, montés sur outils tractés ou sur automoteur. « 2 moulinettes, inclinées à 28 °, pénètrent dans la terre à raison de 3 à 4 cm, sans toucher les racines. Travaillant au plus près à 1 cm de la plante, l’outil s’adapte à tous les écartements, et peut être équipé de caméra pour plus de précision. Il est adapté à toutes les cultures en ligne », témoigne Moira Signorini, directrice de la société. Un passage élimine les mauvaises herbes, mais aère aussi le sol, favorisant ainsi l’absorption des précipitations et de l’humidité nocturne.
Le petit rouleau Roll N Sem peut devenir grand : après de très bons résultats sur vignes, les concepteurs pensent s’adapter aux cultures maraîchères et aux grandes cultures. Le gros point fort de ce rouleau Faca réside dans son adaptabilité à tous les types de terrain, bosselés ou non. « Le bourrage est quasiment impossible, contrairement à un rouleau classique qui se remplit de terre. Les matières sont ici chassées en permanence », rappelle Denis Vicentini. Disponible de 40 cm à 2,10 m, le Roll N Sem est aussi préconisé en arboriculture. Dans tous les cas, l’outil se doit d’être utilisé dans de bonnes conditions, même s’il supporte mieux que ses concurrents des situations plus humides.
La mobilité du Pumagri est assurée par une motorisation hybride, diesel/électrique, « comme les dernières générations d’automobiles. Le moteur thermique régénère les batteries. L’opérateur choisit en fonction de ses besoins l’énergie appropriée : elle peut être à 100 % électrique aux abords des bâtiments, à 100 % thermique quand le robot s’éloigne », précise Fabien Arignon. Petit à petit, l’engin se dote de différents capteurs, là aussi adaptés aux besoins des producteurs. « Il peut s’agir de données météo de base. Toutes les fonctions ne sont pas encore développées et les retours des producteurs sont très intéressants pour nous : il faut que les producteurs se projettent, pour gagner sur la rapidité ou sur la pénibilité ».