Nourrir la planète

Il y a seulement 250 ans, les échanges de blé entre provinces de France étaient limités et fortement taxés. Il fallut un édit du roi, en 1764, pour libérer le commerce du grain. Effet immédiat : les famines disparaissent. Ou presque. Car la spéculation s’invite rapidement dans les greniers et multiplie le prix du pain par deux au moindre incident climatique. Aujourd’hui, c’est toujours la même chose. La famine survient dans les zones où l’accès à la nourriture est entravé, comme par les conflits ; elle survient quand des spéculateurs peu scrupuleux se gavent de produits financiers en affamant des peuples entiers.

Au-delà de ces obstacles, nourrir 10 milliards d’humains en 2050 est a priori à la portée des agricultures mondiales. À condition de modérer l’appétit des plus gourmands. Car la planète ne pourrait supporter plus de 4 milliards d’humains avec un régime alimentaire calqué sur l’assiette d’un Français. Les grands pays agricoles doivent donc se préserver de l’illusion qu’ils vont nourrir la planète comme ils nourrissent leur propre population.

Pour autant, les spécialistes des systèmes alimentaires mondiaux s’accordent à dire que, comme au XVIIIe siècle en France, l’ouverture des frontières contribue incontestablement à régler le problème de la faim dans le monde. Mais, comme en Bretagne en 1764, le commerce des denrées alimentaires est et restera pour les pays importateurs une variable d’ajustement pour passer des caps difficiles liés à des accidents climatiques, politiques et économiques. C’est-à-dire que, sur le long terme, la production agricole principale restera localisée sur
les lieux de consommation pour des raisons culturelles, de souveraineté alimentaire, d’emploi et d’occupation des territoires.


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