Méthanisation : comment valoriser les couverts ?

La valorisation des couverts végétaux est une piste intéressante pour gagner en autonomie dans l’alimentation des unités de méthanisation. En lien avec un projet porté par un adhérent et dans la continuité des essais déjà réalisés, les équipes de la coopérative ont mis en place une plateforme sur la commune de Pleyben (29). Depuis quelques années déjà, Triskalia accompagne ses adhérents dans le développement de leurs projets de méthanisation. Vendredi 28 octobre, après une présentation générale de la méthanisation, les visiteurs de la plateforme d’essais en ont vu de toutes les couleurs : tournesol, phacélie, moha, seigle de printemps, avoine rouge, nyger, sorgho… ll faut dire que les résultats sont plus qu’encourageants : un tournesol de presque 2 m de haut, avec les Monts d’Arrée en toile de fond, ce n’est pas si courant à cette date ! Les conditions d’ensoleillement exceptionnelles de l’été et l’automne 2016 y sont, bien sûr, pour quelque chose… mais également le précédent et la date d’implantation. Ici, c’est après une production de pommes de terre et avant la fin du mois de juillet que les couverts ont été semés. Structure du sol, reliquats azotés et photosynthèse encore active ont été le cocktail gagnant pour arriver à des rendements de l’ordre de 6 à 8 t de matière sèche par hectare pour les mélanges à base de tournesol, moha ou avoine. Le seigle de printemps, plante rustique, a également bien tiré son épingle du jeu, grâce notamment à sa précocité et ses faibles besoins hydriques. Cycle court ou cycle long ? La production de Cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) doit être réfléchie en fonction des ateliers d’élevage en place et de la stratégie fourragère de ou des exploitation(s) concernée(s). Dans ces conditions, elle présente plusieurs avantages : plus d’autonomie pour l’alimentation du méthaniseur, un stockage aisé en ensilage et, enfin, en fonction du choix des variétés, une diversité dans les rotations par l’alternance des familles végétales. Deux périodes de cultures sont envisageables, en cycle court, de fin juillet à mi-novembre, ou en cycle long, d’août à avril (voir tableau ci-dessous). La réussite d’une Cive en cycle court est donc conditionnée à la pluviométrie estivale : en cas de levée difficile par manque d’eau, il sera toujours possible de réimplanter en début d’automne une Cive de cycle long. Résultats économiques : de l’agronomie à l’énergie Les Cive doivent être menées comme une culture à part entière, avec l’objectif minimal de couvrir les coûts de l’itinéraire technique. L’indicateur clé reste le potentiel de rendement en matière sèche par hectare. Combiné au pouvoir méthanogène de la culture (production de biogaz ramené à la matière organique sèche), c’est bien lui qui va impacter la valorisation économique de la culture par la méthanisation. En fonction des coûts d’implantation et de récolte, l’objectif de rendement minimum doit être de 4 à 5 tonnes de MS pour rémunérer la production. La précocité d’implantation est primordiale pour que la culture exprime son potentiel : le tournesol avant la fin juillet, le seigle avant la mi-août, par exemple. Un précédent légumes ou orge sera à privilégier, avec dans ce dernier cas, la réalisation impérative d’un faux semis pour éviter que les repousses empêchent une bonne levée du couvert. Échange Cive / digestat, un bon deal ? L’épandage du digestat, autorisé jusqu’à fin août à raison de 40 unités d’azote efficace / ha, permet un retour au sol des éléments fertilisants et d’une partie de la matière organique exportée par les couverts. Un échange Cive / digestat est donc possible entre une exploitation désireuse de valoriser ses couverts et un agriculteur méthaniseur qui n’a pas la capacité seul d’alimenter son unité à 100 %. Les unités exportées sous forme de Cive reviennent en quantité égale sous forme de digestat, il n’y a donc pas d’impact en termes de plan d’épandage. Une Cive produit de l’énergie, elle a donc de la valeur. D’un autre côté, l’implantation d’un couvert hivernal est obligatoire, qu’il soit récolté ou pas. Le prix d’achat par le méthaniseur doit tenir compte du coût d’implantation (semence) et de la répartition des tâches (Qui stocke et épand le digestat ? Qui récolte ?) entre les deux exploitations. Une fourchette de prix de 25 à 40 € / t de MS est adaptée si le producteur de la Cive n’a que la charge de l’implantation et de la fertilisation. Mathieu Dufour / Capinov

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