Une première installation de petite méthanisation à la ferme

Si la majorité des unités de méthanisation agricoles se situent entre 100 et 300 kWe, celle du centre de formation de Quintenic (22) de 75 kWe fait figure de petite installation. Elle devrait faire référence pour appuyer la demande de revalorisation du tarif de rachat de l’électricité afin que d’autres projets de cette taille puissent voir le jour. Depuis quelques semaines l’unité de méthanisation du centre de formation agricole de Quintenic (22) est en fonctionnement. « Le projet est né d’un souhait des élus de la Chambre d’agriculture de développer un nouvel atelier sur l’exploitation tout en s’impliquant dans le plan algues vertes de la baie de la Fresnaye », témoigne Ronan Hascoët, responsable du centre de formation, lors de la porte ouverte dans le cadre d’Innov’Action au mois de juin. La problématique phosphore et les investissements de mise aux normes à réaliser ont aussi poussé à réaliser un projet plus global permettant d’assurer une rentabilité. La décision de construire une méthanisation de petite puissance (75 kWe) est venue après une réflexion sur un projet collectif qui n’a pas abouti. 4 630 t d’intrants par an dans le méthaniseur « L’unité est adaptée à la taille de l’exploitation, malgré tout nous avons besoin d’un peu de matière provenant de l’extérieur », indique Ronan Hascoët. Les fumiers et lisiers de bovins et de porcs de l’exploitation du centre de formation fournissant un tiers des besoins de la méthanisation sont complétés avec du fumier venant de 2 élevages voisins. « Ils récupèrent du digestat en échange. » Une coopérative du secteur livre aussi ses issues de céréales et maïs après le nettoyage des silos. L’installation réclame chaque jour 10 m3 de lisier et 5 tonnes de résidus solides. Au total, ce sont 4630 tonnes par an d’intrants qui vont atterrir dans le méthaniseur. 86 % seront des déjections animales, 7,6 % de résidus végétaux (menues pailles, déchets céréales, refus d’ensilage) et 6,5 % de cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive). « La production de méthane va servir à alimenter le moteur de cogénération pour produire de l’électricité. La vente de cette énergie à EDF va permettre de générer entre 120 000 et 130 000 € de chiffre d’affaires par an. » La chaleur produite par le moteur de cogénération est valorisée en alimentant le réseau de chaleur du centre de formation. Les salles de post-sevrage en porc sont aussi chauffées grâce à la méthanisation. L’été, lorsque les besoins en chauffage sont moindres, cette chaleur est utilisée pour sécher la partie solide après l’étape de séparation de phase. Une rentabilité difficile en dessous de 150 kWe « Nous espérons que la petite méthanisation va se développer. Mais pour que cela soit le cas, il faut une revalorisation des tarifs de rachat de l’électricité produite qui est attendue depuis 2015. Avec le tarif actuel, il est difficile de trouver une rentabilité en dessous d’une puissance de 150 kW », déclare Christophe Le Louarn, responsable technique chez Evalor le constructeur de l’unité de méthanisation. Afin d’améliorer la rentabilité économique de ces petites unités de méthanisation, les constructeurs n’ont pas beaucoup de marge de manœuvre. « Par exemple, ici nous avons remplacé la trémie peseuse par une fosse de préparation. Le système de pesée est alors installé sur le chargeur du tracteur. »

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