De gauche à droite : Danielle Even, Arnold Puech d'Alissac, et David G. Salmon. - Illustration TAFTA/TTIP : les éleveurs ne veulent pas être sacrifiés
De gauche à droite : Danielle Even, Arnold Puech d'Alissac, et David G. Salmon.

TAFTA/TTIP : les éleveurs ne veulent pas être sacrifiés

Alors que s’ouvrait lundi un nouveau cycle de négociation pour le projet de traité transatlantique, la FRSEA a organisé un débat où chacune des parties a campé sur ses positions.

Les points de vue ne sont pas les mêmes que l’on se situe d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique. « Il y a un vrai problème d’accès au marché européen pour les Américains », déclare David G. Salmon, conseiller aux affaires agricoles de l’ambassade des États-Unis à Paris. Il participait vendredi 8 juillet à Rennes à un débat sur le Tafta (l’accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis aussi connu sous le nom de TTIP), organisé par la FRSEA Bretagne. De fait, l’Europe a accru ses exportations de produits agricoles et agroalimentaires vers les USA. En 2014, elles se situent à 19,1 milliards de dollars, contre 12,8 milliards dans l’autre sens.

Des normes au plan mondial

L’enjeu est bilatéral, avec un renforcement attendu de la coopération politique et économique entre les deux zones, et la mise en place de standards de production qui pourraient faire référence au niveau mondial. « Les États-Unis comme l’Europe n’ont aucune envie de voir les Chinois imposer leurs normes », note Thierry Pouch, chef du service études économiques et prospective pour les Chambres d’agriculture.

Peu nombreuses, les études d’impact montrent toutefois que l’accord serait plutôt favorable aux États-Unis. « L’Europe perdrait 2 % des flux intracommunautaires. La production de viande rouge européenne baisserait de 10 %, de 6 % pour les viandes blanches. Je doute qu’un accord puisse être trouvé pour la fin de l’année, comme le souhaitent les États-Unis. »
En France, la société civile prend position sur certains sujets comme les normes sanitaires, au cœur des négociations. « Les traitements que nous appliquons sur le bœuf et la volaille visent à fournir des produits plus sûrs aux consommateurs. Notre système sanitaire, basé sur des données scientifiques, est très rigoureux », rétorque David G. Salmon. Autre grande difficulté dans les négociations, les IGP (indications géographiques protégées). « Aux États-Unis, nous les reconnaissons plutôt au travers des marques. »

Besoin d’exporter

Deux modèles s’affrontent dans ce projet transatlantique. « Certes, l’Europe a besoin d’exporter ses produits agricoles, mais les États-Unis sont extrêmement compétitifs et ne veulent pas reconnaître nos IGP très structurées. La FNSEA avait demandé la suspension des négociations fin avril, car les discussions tournent au dialogue de sourds », précise Arnold Puech d’Alissac, président de la FRSEA Normandie.

Pour Danielle Even, présidente de la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor, « l’accord est une source d’anxiété supplémentaire dans notre région d’élevage. Les États-Unis ont une approche hygiéniste de l’alimentation. Nous travaillons davantage la prévention dans les élevages. Mais c’est la production qui supporte ce coût. Nos exploitations familiales sont très différentes du modèle américain. » L’éleveuse de porcs voit d’un bon œil l’appui de la société civile, « avec qui nous pratiquons le dialogue. Nous demandons de la transparence pour que le consommateur puisse faire un choix éclairé. »


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