elevage-americain-US-bovin - Illustration TTIP : les Américains réticents à ouvrir leurs marchés publics

TTIP : les Américains réticents à ouvrir leurs marchés publics

Un des secteurs offensifs de l’Union européenne dans le cadre des négociations du TTIP est l’ouverture des marchés publics américains. Les Américains, eux, sont réticents à ouvrir ces marchés qui ont permis une relocalisation de la production, agricole notamment.

« Je veux vous rassurer, s’est exprimé Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture dans la soirée du 26 avril à l’Assemblée nationale. On ne bradera pas ce qui fait la construction de notre agriculture, que ce soit sur la bio ou sur les IGP (Indications géographiques protégées) pour un accord qui serait hypothétiquement signé dans les mois et les semaines à venir. Ce qui, à mon avis, ne sera pas le cas ».

L’agriculture est la ligne rouge à ne pas franchir côté français. Aux États-Unis, les études et prévisions donnent l’agriculture américaine gagnante. Les exportations vers l’Union européenne pourraient atteindre +125 % d’ici 2025. Aurélie Trouvé, maître de conférences en économie à AgroParisTech, précise : « Dans la Corn belt, par exemple, les exploitations américaines sont adaptées. Elles ont des grandes surfaces, des capacités de stockage ». Cette agriculture américaine est prête à exporter. Et en l’état, le TTIP lui ouvrirait les portes de l’Union européenne. Une partie de l’agriculture américaine ne verrait pas cet accord du même œil. « Les États-Unis ne veulent pas céder sur la question de l’ouverture de leurs marchés publics », explique Lora Verheecke, chargée de recherche sur le commerce pour Corporate Europe Observatory (association spécialisée des questions de lobbying), en marge d’une conférence organisée par l’association Foodwatch sur le TTIP à Paris, le 28 avril.

La filière bovine française, grande perdante en cas d’accord

Annoncée grande perdant en cas d’accord, la filière viande bovine en a appelé au président de la République dans un communiqué, le 25 avril : « Refuser toute précipitation au moment où l’Europe ne parle plus d’une seule voix » après la déclaration du président Barack Obama et de la chancelière Angela Merkel en faveur du TTIP. Pour la France, le compte n’y est pas. Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, interrogé le 27 avril, a tenté de dissiper les inquiétudes : « Il y a des points durs sur lesquels la France ne cédera pas : la viande bovine est un produit sensible ».

Circuits courts américains menacés

De fait, « les États des États-Unis ne sont pas prêts, car ces marchés ont permis de recréer un tissu local depuis quelques années », poursuit-elle. Cette relocalisation concerne notamment l’agriculture et l’approvisionnement local de la restauration collective des États- Unis. Si les États-Unis semblent placer une ligne rouge sur les marchés publics, c’est que l’UE se montre offensive sur la question de l’ouverture des marchés publics américains. « Des entreprises européennes comme Sodexo pour la restauration collective, auraient beaucoup à y gagner », analyse Lora Verheecke.

Le « manger local » américain mis à mal

Le 21 avril, l’association américaine IATP (Institute for Agriculture and Trade Policy) publiait un document de la Commission européenne destiné au Conseil de l’UE daté du 29 mars. Il commence ainsi : « Les marchés publics sont un élément clé des négociations ». L’ensemble du document donne des arguments « contre l’idée que les marchés publics américains sont déjà ouverts aux entreprises européennes », retient l’IATP. Il précise aussi que pour bon nombre d’États membres, l’ouverture des marchés publics américains offrirait des opportunités commerciales. Une ouverture totale des marchés publics mettrait à mal le fameux « Buy American Act », un texte qui soutient la préférence locale aux Etats-Unis. Le « manger local » américain aurait alors de quoi s’inquiéter.


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