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Un système laitier néo-zélandais simple et efficace

Lucie Roquet, jeune Bretonne de 22 ans, témoigne de son séjour dans un élevage de 1 800 vaches à l’autre bout de la planète. Récit d’une expérience pour le moins dépaysante.

« Après quelques années de salariat en France, j’ai été embauché 1 an en Nouvelle-Zélande. Mon patron est français ; il est arrivé il y a 8 ans avec sa femme et ses enfants. Non issu du milieu agricole, il s’est d’abord installé en Savoie en Gaec avec sa femme et un autre associé. Avec le départ de son associé et la stabulation à refaire cela ne passait pas financièrement. Il a préféré vendre et partir tenter sa chance en Nouvelle-Zélande.

[caption id=”attachment_10619″ align=”aligncenter” width=”300″]À 3 semaines, les veaux sont mis en pâture À 3 semaines, les veaux sont mis en pâture.[/caption]

20 % de la recette laitière au gérant

Il a débuté comme vacher, puis « herd-manager » (gérant de troupeau) et enfin manager. Tout cela en quelques mois, sachant qu’il a cumulé des expériences professionnelles dans deux fermes pendant 18 mois. Puis, il a créé son entreprise en tant que « contract milker ». C’est-à-dire qu’à la fois, il gère le troupeau laitier du propriétaire, embauche et paye les salariés. En contrepartie, il perçoit 20 % de la recette laitière de la ferme.

Équipé pour l’irrigation

Au printemps (vers mi-septembre dans l’hémisphère Nord), l’irrigation est mise en marche. Pour irriguer les 500 hectares, deux pivots de 900 mètres chacun irriguent plus de 85 % de la ferme. 60 ha de l’autre côté d’une route sont arrosés par un rotoliner et les coins que le pivot ne peut pas atteindre sont irrigués par les sprincklers qui sont déplacés en moto.

La ferme fait partie d’un groupe de 10 fermes laitières totalisant 10 000 vaches appartenant à un pool d’investisseurs lié à Fonterra, la laiterie qui collecte 90 % du lait dans le pays. Cet ensemble économique comprend aussi une ETA pour faire les travaux des champs et une autre ferme où il n’y a que des génisses : 6 000 animaux sur 800 ha. Le mot d’ordre est l’efficacité du travail et le business. La ferme où je travaille totalise 500 ha d’un seul tenant. Elle peut accueillir 2 000 vaches laitières, mais n’en compte aujourd’hui que 1 800 en raison du faible prix du lait.

Plus de 1 100 veaux pour 2 UTH

Le système laitier est caractérisé par une organisation de travail rigoureuse. Quand je suis arrivée en début juin, les vaches venaient d’être taries. Pour préserver les prairies durant l’hiver, les vaches font 20 km pour aller sur un autre site, nommé le « run off ». Il s’agit de champs divisés en plusieurs parcelles de choux et d’herbe. Ces dérobées pâturées au fil constituent l’alimentation principale pendant le tarissement. Un peu de paille et d’ensilage d’herbe sont apportés en complément. Avec moins de 500 mm de pluie par an, le climat de cette région du Canterbury permet aux vaches de pâturer presque tout l’hiver.

[caption id=”attachment_10618″ align=”aligncenter” width=”300″]Pendant la période de vêlage, 50-60 veaux naissent chaque jour Pendant la période de vêlage, 50-60 veaux naissent chaque jour.[/caption]

La période de vêlage – « calving » – a lieu au printemps pour coïncider avec la pousse de l’herbe. Les vêlages sont regroupés sur moins de 3 mois de mi-juillet à mi-octobre, mais dès août la moitié des vêlages a eu lieu (50-60 vêlages/jour). Il s’agit d’une intense période d’activité pendant laquelle les 6 salariés permanents sont épaulés par 5 temporaires.
Pendant la « calving » nous sommes montés jusqu’à 1 100 veaux et seulement deux personnes pour s’en occuper. Les femelles et les 350 premiers mâles frisons issus d’IA sont gardés pour le renouvellement. Ils sont élevés 3 semaines en bâtiment avant d’être mis en pâture où ils continuent de recevoir lait et granulés. Les autres veaux, issus de taureau, sont vendus pour faire des croquettes pour chien, au prix de 2 dollars, soit le prix d’une bière…

L’autre pays du lait

La Nouvelle-Zélande est le 8e pays laitier du monde juste derrière la France (23 millions de tonnes pour la France et 17 millions de tonnes pour la Nouvelle-Zélande). Mais c’est surtout le 1er pays exportateur du monde avec 95 % de son lait exporté notamment vers le continent asiatique. Le pays a supprimé les aides publiques pour l’agriculture depuis 1984 ; les éleveurs néozélandais ont dû s’adapter avec un prix du lait plus faible qu’en Europe (250 €/1 000 L). Une situation qui n’a pas empêché la production de doubler en 25 ans et la taille des troupeaux de tripler.

La dernière semaine d’octobre débute la période des inséminations qui dure 7 semaines. Pour détecter les chaleurs, les vaches sont peintes au niveau des ischions : en rouge avant la période d’IA ; en bleu pour celles vues en chaleur avant la période d’IA ; en vert quand la vache a été inséminée. Les vaches qui ne viennent pas en chaleur sont traitées par spirale ou par prostaglandine.


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