volaille-aviculture-france-championne-productivite - Illustration Aviculture : La France championne de la productivité

Aviculture : La France championne de la productivité

La France reste la championne du monde de la productivité en dinde. Le système de démarrage en poussinière et détassage à 5 semaines permettrait de mieux exploiter le potentiel génétique des dindes. Mais, pour conserver les marges au niveau de l’élevage, il faudrait que les abattoirs revoient leur système de paiement. 

« La France a un schéma de production singulier voire unique en dinde. On se pose fréquemment des questions sur le modèle de production à la française. D’autant plus qu’il y a eu du chemin de parcouru depuis 25 ans et des résultats techniques ont énormément évolué », déclare Antoine Rousseau, ingénieur spécialiste avicole chez Techna. Il rappelle lors de la journée nationale des professionnels de la dinde, organisé par l’Itavi, à Pacé (35), que l’Allemagne et la Pologne arrivent en force avec le système, « Brood and Move » permettant d’exploiter au mieux le potentiel génétique des différentes souches de dinde. « Avec ce système le démarrage s’effectue en poussinière et les animaux sont ensuite déplacés dans des bâtiments d’engraissement où les densités sont moindres. »

Une productivité de 200 kg/m2/an en 2014

« Chez Techna, il existe un observatoire qui fonctionne comme une bourse d’échange et où les performances techniques sont enregistrées par production. En 20 ans, on constate un alourdissement des volailles, des indices qui ont bougé, mais surtout une productivité galopante (voir tableau des résultats techniques sur 20 ans). » Sur cette période, le poids moyen en dinde est passé de 7,88 kg à 10,79 kg. Les indices de consommation sont passés de 2,20 à 2,41 mais les animaux n’étant pas abattus au même âge, il est difficile de comparer les IC. « C’est surtout la productivité qui impressionne, elle est passée de 165 kg/m2/an en 1994 à 200 kg/m2/an en 2014. » L’alourdissement général avec une augmentation du poids moyen de 40 % est surtout lié aux mâles. « Cette tendance à l’alourdissement trouve ses limites dans les outils d’abattage qui ne sont pas adaptés en France pour recevoir des mâles de plus de 15 kg. »

Des éleveurs moins nombreux mais plus techniques

On ne peut plus vraiment parler de dinde médium en France, la tendance est à la medium lourde. L’amélioration génétique a contribué à l’augmentation du poids des dindes. « En 20 ans, c’est + 8 g de GMQ supplémentaires tous les 5 ans qui sont exprimés sur le terrain. » Le spécialiste avicole fait remarquer que le nombre d’éleveurs de dinde a beaucoup diminué ces dernières années et que ceux qui restent sont de plus en plus techniques. « En France en 20 ans, le pic de chargement est passé de 42 kg à presque 60 kg. En Allemagne, au même âge, les bâtiments en système Brood and Move ont un chargement qui représente 50 % de la pratique française. » Cette différence de chargement entraine une consommation d’eau supplémentaire dans les élevages français d’environ 14 %. « En cumul à 87 jours, c’est 4,5 L d’eau supplémentaire par sujet. Il faut tout de même le rapprocher de la croissance qui est supérieure de 17 % en tout-venant au même âge. » Toute cette eau en plus dans le bâtiment il faut l’évacuer par la ventilation, le paillage ou le chauffage. « Pour un 1 200 m2, c’est plus de 38 t d’eau de plus à extraire du poulailler. En bâtiment statique, c’est une chose peu aisée. » Un point auquel on ne pense pas est l’adaptation du matériel à cette sollicitation supplémentaire. « En 2004, la filière abat des mâles de 11,5 kg à 116 jours et qui consomment en fin de bande 800 ml/jour ce qui fait 120 L par point d’abreuvement/jour. Aujour-d’hui, on abat des mâles de 14,5 kg à 126 jours qui consomment 1 000 ml/jour en fin de bande ce qui fait 150 L par point d’eau/jour. »

Baisser la densité pour que la souche exprime son potentiel

Antoine Rousseau soulève une interrogation concernant le modèle à adopter pour le futur. « Nous sommes les champions de la productivité, mais est-ceque ça nous permet de produire un kilo de filet au coût le plus faible ? De plus, au moment du pic de chargement, nous avons 2 fois plus de kilo/m2, nous réalisons alors 85 % du potentiel de la souche. Le système Brood and Move permet d’exprimer 94 % du potentiel de la souche. » Une étude démontre qu’en diminuant un peu le chargement la filière y gagne. Pour -0,5 sujet/m2 c’est : +1,5 g/jour de croît, -0,015 point d’IC, +0,2 point de rendement filet et -3,8 kg/m2 sortis. « Dans cette étude, l’optimum est établi entre 6,8 et 7,3 sujets/m2. C’est un potentiel de gain à explorer. Il faut bien sûr que les abattoirs acceptent de payer plus les dindes car ils vont s’y retrouver sur le rendement filet » Nicolas Goualan

Avis de Jean-Michel Choquet, Président du Cravi Bretagne

Il y a quelques années j’ai essayé de baisser la densité sur mon élevage et ça s’est soldé par une perte de 5 €/m2. La rémunération des éleveurs est basée sur la tonne de vif livrée. Tant que cela ne changera pas nous ne pourrons pas diminuer le chargement. Pour que cela évolue il faudrait que les abattoirs passent à un paiement lié au rendement de filet. En l’état actuel, il me faut 8 animaux/m2 pour conserver mes marges. Je fais donc le pari de faire plus de litières et de ne pas baisser le chargement.


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