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Lait : la règle de trois

Implanté à Plourin, dans le Finistère Nord, le Gaec de Toul Manac’h réunit trois associés. À l’occasion de l’installation du plus jeune d’entre eux, l’outil de travail a été remanié. Et trois robots de traite ont fait leur arrivée sur l’exploitation. 

L’installation de Sylvain Jaouen remonte à décembre 2013, lorsqu’il a intégré le Gaec de Toul Manac’h formé par Jo, son père, et Yannick Tréguer. Mais cela faisait déjà bien longtemps que ce jeune Finistérien, aujourd’hui âgé de 27 ans, mûrissait son projet. « L’élevage laitier me passionne. Depuis que je suis enfant, un voisin, qui tenait une petite ferme familiale, m’a toujours dit : c’est toi qui prendras ma suite ». Désireux d’étoffer son bagage, Sylvain multiplie les expériences à l’issue de son BTS Acse obtenu par apprentissage. Il travaille comme salarié sur une exploitation laitière puis passe cinq années dans une entreprise de travaux agricoles. « J’aime bien le machinisme, cela m’a fait connaître du monde. Mais dans ma tête, je savais bien que je m’installerai un jour ou l’autre ». Et ce jour va finalement arriver plus vite que prévu.

« Mon voisin est tombé malade quelques années avant son départ en retraite. Du coup, les choses se sont un peu précipitées. J’ai rejoint le Gaec sans reprendre le cheptel de mon voisin, mais j’ai obtenu 40 hectares de terres et 250 000 litres de lait supplémentaires ». Avec un total de 160 hectares et un quota de 1 130 000 litres, les trois associés du Gaec ont beaucoup réfléchi au futur de leur exploitation avant de se lancer dans des investissements. « L’étable que nous avions ne pouvait pas être agrandie en raison de son emplacement. Nous avons donc planché sur une nouvelle stabulation sur caillebotis ». Côté traite, les trois associés envisagent d’abord de s’équiper d’un roto avant d’opter pour une combinaison de trois robots, le tout financé par le Crédit Mutuel de Bretagne. « Nous avons fait pas mal de visites et de journées portes ouvertes. Et, au final, c’est la solution qui nous a paru la mieux adaptée à notre situation et offrir le plus de perspectives ». Avec, notamment, en ligne de mire la prochaine disparition des quotas laitiers.

[caption id=”attachment_2971″ align=”aligncenter” width=”300″]La passion de la race Pie Rouge porte ses fruits La passion de la race Pie Rouge porte ses fruits. L’une des vaches du Gaec de Toul Manac’h va participer au prochain Salon de l’agriculture.[/caption]

Voir plus loin

Cette volonté d’anticipation transparaît d’ailleurs dans différents aspects du projet porté par le Gaec. Cela va du bâtiment de 158 logettes, conçu pour pouvoir être facilement agrandi et accueillir 35 places supplémentaires, au choix du nombre de robots, en passant par la gestion du cheptel. Ainsi, dans l’optique de l’agrandissement du troupeau, ces éleveurs passionnés par la race Pie Rouge (une de leurs vaches a été sélectionnée pour le salon international de l’agriculture) ont préféré conserver plusieurs animaux plutôt que de les commercialiser.

Sur le plan pratique, les robots sont entrés en service en octobre 2014. « Les premiers jours, il a fallu pousser un peu les bêtes. Mais en une semaine, cela a été réglé », se souvient Sylvain qui, assurait auparavant, avec son associé Yannick, la traite quotidienne. « À deux, cela nous prenait trois heures le matin et deux heures et demie le soir ». L’absence de contact avec les vaches lors de la traite modifie forcément le suivi des animaux. Et si rien ne remplace l’œil exercé de l’éleveur, le robot fournit toutefois de nombreux paramètres utiles : « Détection des chaleurs, baisse de rumination, quantité et qualité du lait produit, conductivité, cellules… »

Dans le Gaec, chaque associé a sa spécialité. Les vaches pour Yannick Tréguer, l’alimentation et l’administratif pour Jo Jaouen – par ailleurs président de Bretagne Contrôle Laitier Ouest -, et les cultures pour Sylvain. « Mais on essaye avant tout de rester polyvalent. Chacun peut remplacer l’autre. C’est également vrai pour ma sœur Lénaïg, qui est salariée de l’exploitation ». Une polyvalence qui facilite l’organisation des week-ends. « Nous avons instauré un roulement sur trois semaines. L’un des associés est de garde tout le week-end, le deuxième l’aide le samedi et le dimanche matin, tandis que le troisième est de repos les deux jours consécutifs ».

L’outil de travail « nécessite encore quelques travaux de finition, qui seront réalisés au printemps et cet été », pour donner sa pleine mesure. Mais, pour Sylvain, il est d’ores et déjà une certitude : il a fait le bon choix en s’installant sous forme sociétaire. « Quand vous démarrez, il y a des investissements à réaliser et les montants peuvent être impressionnants. Il faut aussi apprendre à négocier avec les différents fournisseurs. Et dans tous ces moments-là, se dire que l’on est associé avec des gens ayant déjà roulé leur bosse, savoir que l’on peut compter sur eux, cela rassure ». La preuve par trois !

Florence Le Bras, Responsable de clientèle agricole au CMB Ploudalmézeau

Au sein du Gaec de Toul Manac’h, il existe une véritable synergie entre les associés qui sont tous les trois motivés et impliqués. Les associés déjà en place ont notamment su limiter les investissements dans les années précédant l’installation de Sylvain Jaouen afin de faciliter la réalisation du futur projet, plus important en termes d’investissements. Cette capacité à anticiper les choses ainsi que leur réflexion permanente sur les améliorations pouvant être apportées constituent autant de gages de réussite pour l’avenir.


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