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Bovin : l’efficacité alimentaire au menu de la Charolaise

L’efficacité alimentaire est un enjeu de taille pour le secteur de la viande bovine. L’élevage des veaux, le rationnement et la génétique comptent.

« Améliorer l’efficacité alimentaire permettrait aux éleveurs d’être moins dépendants des fluctuations de prix des matières premières, et de dégager davantage de revenu en diminuant les charges et/ou en augmentant les performances des animaux », cadre Laurent Griffon, de l’Idele. Par ailleurs, « la production bovine est souvent attaquée sur sa forte consommation de céréales qui pourraient nourrir les humains, ou qui sont mieux utilisées par les monogastriques. » Remettre la rumination – seule à valoriser la cellulose – au cœur de l’alimentation des bovins est donc un enjeu fort.

Forte capacité digestive

Une conférence était dédiée à l’efficacité alimentaire lors du Congrès Mondial Charolais, en septembre dernier. Reconnue pour sa grande capacité à transformer les kg d’herbe en kg de viande, la race blanche, dotée d’une forte capacité digestive et d’un transit lent, dispose en effet d’atouts pour répondre à cette problématique.

Un rationnement adapté à chaque phase de la vie de l’animal – croissance, reproduction, vêlage, lactation, mais aussi finition – est bien sûr le premier levier pour améliorer l’efficacité alimentaire. Comme précisé par Pierre-Emmanuel Radigue, vétérinaire : « Le rumen des animaux rationnés s’adapte. La surface d’absorption se développe, le nombre de papilles, leur surface et leur taille augmentent. Le taux de refus est moindre. »

La base : un rumen volumineux avec de bonnes papilles

La construction du système digestif commence très tôt dans la vie de l’animal, autour des 4e et 5e mois de gestation. « L’alimentation des mères ne doit pas être trop riche en énergie, au risque de faire naître un veau plus gros, s’engraissant précocement. » Après la naissance, la bonne « installation » des estomacs passera par l’ingestion précoce de paille ou foin grossier, avec de l’eau et du sel. « Les aliments très fermentescibles comme les céréales, l’ensilage ou le tourteau de colza, en devenant acidogènes, favorisent la destruction des papilles. Les concentrés « spécial veaux » à base de luzerne, de foin ou de pulpe de betterave, avec un équilibre énergie/protéines adapté, sont intéressants. »

L’aide de la génomique

Identifier les déterminants génétiques de l’efficacité alimentaire des femelles en élevage et des taurillons en finition : c’est le but du projet BeefAlim, conduit par l’Inra en partenariat avec l’Idele et six fermes expérimentales. Des critères de sélection génomiques pourront être proposés. Aux USA aussi, un programme vise à réduire l’alimentation destinée à la production de viande, en utilisant notamment la génomique. Du côté de l’Australie, 3e exportateur de viande derrière l’Inde et le Brésil, les producteurs cherchent à réduire la quantité de gras marbré, très présent sur la race Angus dominante dans le pays. Ils souhaitent aussi homogénéiser l’efficacité alimentaire dans les « feedlots ».

Mais l’efficacité alimentaire passe aussi par la génétique. Gènes Diffusion, Charolais Univers et l’Institut de l’élevage ont mis en place un programme d’évaluation et de sélection des taureaux s’intéressant à ce critère. « Son héritabilité est relativement élevée, avec des gains économiques conséquents à la clé. Lors d’une expérimentation, deux taureaux extrêmes, affichant 16 points d’écart en index efficacité alimentaire mais des potentiels de croissance similaires, ont permis une économie de 180 kg d’aliment par JB, sur toute la durée d’engraissement. Soit un bénéfice de 2 700 € pour un atelier de 50 JB », chiffre Serge Miller, de l’Idele. Il faut y ajouter le gain capitalisé par les femelles de la génération suivante. Agnès Cussonneau


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