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Les perspectives du lait post 2015

Avec la fin des quotas prévus en 2015, la filière lait se pose beaucoup de questions. Vincent Chatellier a présenté en session ouverte de la Chambre d’agriculture, les forces, faiblesses et défis qui attendent le secteur laitier.

« 2015 est une année charnière avec la suppression des quotas en mars prochain. Avec l’augmentation continue des prix des intrants et en parallèle le développement des nouvelles technologies, deux stratégies sont possibles : soit se replier en laissant passer le train, soit chercher à rester dans la compétition. L’objectif breton de produire 6 milliards de litres de lait est tout à fait possible, mais ce n’est pas un fin en soi », a introduit André Sergent, président de la Chambre d’agriculture du Finistère.

Vision mondiale à 2020

Pour Vincent Chatellier, directeur de recherche du Lereco (Inra), le grand gagnant de la production laitière actuellement est le consommateur. « Les charges des producteurs ont augmenté à raison de 4,5 % par an sur les 5 dernières années, alors que le consommateur continue de profiter de prix bas, car le choix des politiques publiques est d’assurer que les biens alimentaires ne doivent plus augmenter. Il n’y a cependant pas d’autre possibilité que d’être vigilant sur les transferts de coût vers l’aval », pense l’ingénieur de recherche. Pourtant, la conjoncture mondiale est tout de même favorable à la production laitière du Grand Ouest d’ici à 2020, avec un objectif de produire 6 milliards de litres. « Nous sommes dans une dynamique de consommation, progressant de 1,5 kg de lait par an et par habitant dans le monde. La Nouvelle-Zélande ne sera pas capable de continuer sur sa lancée et va caler. Pour exemple, la coopérative Fonterra, basée à Auckland, a connu une croissance annuelle de sa production équivalente à la totalité du volume livré en Finistère. Avec un essoufflement de ce pays, qui prendra le relais ?  Certaines régions du Grand Ouest, comme les Pays de Loire, sont capables de dynamiser le lait, car elles ont bien souvent implanté des céréales dans des terres à fourrage, et une mutation des bassin des productions peut s’opérer ».

Explosion des coûts de production au Sud

Les conditions climatiques non favorables à la pousse de fourrage pénalisent les pays producteurs situés au sud du continent. « Les agriculteurs espagnols achètent 42 % des aliments destinés à nourrir les vaches laitières, en moyenne pour les exploitations spécialisées. La Bretagne, avec seulement 13 %, se situe en bas de tableau, signe d’un coût de production faible. Le nombre de vaches laitières n’est pas le même suivant que l’on se trouve au Nord ou au Sud. Le Danemark, avec 144 animaux en moyenne par exploitation, représente la structure à plus fort cheptel. La Bretagne se place en milieu de tableau avec 55 vaches, proche de la moyenne française. À ce titre, les gros élevages ne font pas la majorité : Les élevages de plus de 100 vaches en France représentent 16 %, ceux de plus de 200 vaches 3 % », chiffre Vincent Chatellier.

Concentration à l’Ouest

La région Bretagne a des atouts climatiques sérieux pour répondre à une demande mondiale qui ira en s’accentuant. « Les Français consomment 350 kg de produits laitiers par an et peu de pays sont sans croissance sur le marché. Notre région est bénie des dieux pour la production laitière, surtout par rapport à des pays comme l’Espagne où le nombre de producteurs sera divisé par 10 dans les prochaines années. Nous bénéficions aussi de terres agricoles relativement peu chères au regard des concurrents du Nord de l’Europe. Reste que le secteur laitier français connaît des faiblesses. Au niveau des politiques sociale, environnementale, fiscale ou énergétique, nos voisins appliquent des normes parfois plus avantageuses. C’est également à nous de séduire les nouvelles générations pour assurer la production de demain ». conclut-il. Fanch Paranthoën


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