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Pourra-t-on se passer de glyphosate en non-labour ?

Pointé du doigt par les environnementalistes, l’usage de ce désherbant est réglementé pour la destruction des Cipan depuis mars 2014, date de la dernière modification de la Directive Nitrates 5 en Bretagne. 

Des champs de couleur automnale au printemps… Une vision souvent mal vécue par les agriculteurs utilisateurs eux-mêmes et incomprise par les personnes extérieures au milieu agricole. Cependant, cette image appartiendra bientôt au passé… Si l’arrêté régional de la Directive Nitrates 5 a continué à imposer des dates de destruction des couverts végétaux Cipan, elle a innové en intervenant sur les modalités de leur destruction chimique, malgré l’opposition de la profession agricole qui attend avec impatience les résultats des études qu’elle a demandés.

Des choix orientés par les conditions pédoclimatiques

« Cette nouvelle donnée risque de renforcer l’intérêt des couverts gélifs faciles à détruire et d’exclure les graminées », analyse Jérôme Labreuche, spécialiste des couverts végétaux chez Arvalis. Mais la notion de sensibilité au gel mentionnée dans le texte réglementaire pose question, dans notre région au climat océanique. Le témoignage d’un agriculteur du Sud d’Ille-et-Vilaine, adepte du semis direct, relève la problématique. « Nous souhaitions arrêter l’usage du traitement chimique, même si, utilisé au ¼ de sa dose recommandée, le glyphosate détruisait bien le couvert d’avoine. La réglementation nous contraint à tester une nouvelle variété dès cette année. » Il poursuit : « On a recherché de l’avoine de printemps gélif que l’on va essayer de rouler l’hiver. Mais encore faut-il qu’il y ait du gel et que le terrain porte… On sera peut-être amené à investir dans un outil à disques plutôt qu’un outil à dents et s’il le faut, on envisagera de repasser au labour… ».  Et c’est là que le bât blesse. Le sujet est complexe et personne ne dispose d’une boule de cristal pour prévoir la météo : celle de l’automne influençant la croissance du végétal et celle du début de printemps (gel, pluviométrie), permettant la destruction mécanique des Cipan suffisamment tôt avant le semis du maïs.

Des techniques de destruction maîtrisées

Roulage sur terrain gelé si le sol est sec, broyage si intervention plus tardive, reprise avec un outil à disque si l’humidité le permet… Les solutions existent. Mais, sans recours possible au désherbage chimique, elles nécessiteront encore plus d’adaptabilité et de réactivité selon la biomasse présente, les conditions météo… « D’ordinaire, je roule les couverts végétaux multi espèces, bien développés, si l’hiver est sec. En condition humide, je laisse le couvert pomper l’eau le plus longtemps possible », décrit Bernard de La Morinière, agriculteur, pratiquant des techniques culturales simplifiées avant les cultures de printemps depuis de nombreuses années sur Saint-Brieuc-des-Iffs (35). « L’année dernière, j’ai opté pour le broyage. Le couvert bien développé exigeait d’intervenir mais l’état du sol ne permettait pas l’usage d’outil à disques. » Après épandage du lisier avec enfouisseur, un outil à dents a permis de finaliser le mulch en surface.

Pour le semis direct des maïs au printemps, dont la pratique est plus limitée (0,5 % des surfaces), le caractère aléatoire de la destruction par le gel et l’absence de travail du sol rendait nécessaire le recours au désherbant total. La contrainte sera dorénavant plus forte : il faudra jongler avec les fenêtres météo, un roulage efficace avec des roloFaca ou contrôler le désherbage par la culture suivante. « Les techniques sont maîtrisées, mais cela va coûter un peu plus cher », avertit Bernard de la Morinière. Carole David

L’avis de Jérôme Labreuche, Arvalis

Le choix de la technique de destruction de la culture intermédiaire doit se réaliser en conditions acceptables. Les techniques sont nombreuses mais sont toutes dépendantes du climat (le gel notamment) et de l’humidité du sol qui peut être un vrai facteur limitant en période hivernale. Tous les couverts ne sont pas sensibles de la même façon au gel, au roulage, au broyage… En absence de gel et d’intervention chimique, le broyage – en calmant le développement du couvert-  reste la solution la plus polyvalente, et ce même en condition de printemps humide, avec le moins d’impact sur le sol. Le choix du couvert devra être adapté et risque de freiner les couverts de graminées, qui peuvent repiquer facilement du fait de leur plateau de tallage. Les outils de déchaumage peuvent également intervenir, avec une moindre efficacité, mais uniquement sur sol ressuyé, ce qui peut retarder les chantiers suivants.


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