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Doper la station méthanisation

Une innovation vient de voir le jour après la concrétisation d’un projet de création d’unité de méthanisation dans les Côtes d’Armor. Les éleveurs ont installé un process, unique en France, de turbine auxiliaire pour augmenter la production électrique de leur méthaniseur.

L’idée d’investir dans la méthanisation, que ce soit en individuel ou en collectif, germe de plus en plus dans la tête des éleveurs bretons. Preuve en est, à fin 2013, la Bretagne comptait 31 unités de méthanisation dont 24 installées dans des fermes. C’est par conséquent la première région française pour la production de chaleur et d’électricité à partir de biogaz issu de la fermentation de lisier, fumiers, déchets verts et autres coproduits de l’industrie agroalimentaire.

Une première en France

Les porteurs de projet ont profité de la journée Innov’Action organisée le 17 juin par la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor, pour visiter l’unité de méthanisation, fraîchement sortie de terre, de l’EARL de Ker Noé à Saint-Brandan (22). Christophe et Séverine Aubry, les exploitants ont décidé d’associer une turbine ORC (Cycle Organique de Rankine) au moteur servant pour la cogénération qui produit l’électricité injectée sur le réseau et revendu à EDF. « Cette machine est la première installée en France. Elle se sert de la chaleur dégagée par le moteur et les gaz d’échappement pour faire bouillir un fluide qui se détend dans la turbine auxiliaire et produit de l’électricité », explique Antonin Pauchet, directeur général d’Énogia, société qui fabrique et commercialise ce process. Cette innovation permet d’optimiser encore plus le rendement de l’installation et par conséquent d’en améliorer la rentabilité. « Pour un moteur de 100 kW, l’installation  d’une turbine ORC permet d’améliorer la rentabilité de 5 à 7 kW électriques. »

[caption id=”attachment_6839″ align=”aligncenter” width=”300″]Christophe et Séverine Aubry, éleveurs à Saint-Brandan (22) Christophe et Séverine Aubry, éleveurs à
Saint-Brandan (22) ont investi dans une unité de méthanisation de 105 kw et installé une centrale ORC pour produire plus d’électricité.[/caption]

Un retour sur investissement de 2 à 4 ans

La possibilité de produire quelques kilowatts supplémentaires sur une unité de méthanisation est une réelle opportunité d’autant plus que la valorisation énergétique de la chaleur produite est souvent compliquée. « Sur notre installation, nous allons produire 810 000 kWh d’électricité par an, cette production nous permet de disposer de 600 000 kWh de chaleur. Notre objectif de valorisation énergétique de la chaleur est de 62 % que nous allons utiliser dans un séchoir qui servira pour le foin, les céréales, le maïs grain, des plaquettes de bois et pour une partie du compost destiné à la commercialisation », témoigne Christophe Aubry.

Le directeur général d’Énogia tient à préciser : « EDF ne fait pas de distinction de rachat entre l’électricité produite par l’ORC et celle du moteur de cogénération. » L’ORC peut donc être installé au moment de la création de l’unité de méthanisation mais aussi ajouté sur une installation déjà en service. « L’installation de la turbine auxiliaire est très facile, le chantier effectué par un chauffagiste industriel prend 2 jours. C’est un procédé fiable avec un coût de maintenance très faible. Une machine de 10 kW vaut environ 35 000 € et le temps de retour sur investissement est de l’ordre de 2 à 4 ans. » Cela semble être un levier très intéressant pour augmenter le rendement des installations de méthanisation.
Nicolas Goualan

L’avis de Jean-Jacques René, président du pôle énergie de la Chambre régionale d’agriculture

Aujourd’hui, on recherche une méthanisation accessible à la plupart des exploitations et qui soit vulgarisable en individuel ou en collectif de 2 ou 3 exploitations sur un gisement local. Notre souhait est d’avoir une méthanisation qui soit le prolongement de l’exploitation, elle doit conforter notre métier d’agriculteur. L’utilisation des effluents d’élevage comme substrat pour nourrir le digesteur doit être une priorité. À l’avenir, on imagine que la cogénération pour les petites méthanisations ne soit pas systématique, on se tournera sans doute vers une valorisation du biogaz plus direct sur l’exploitation ou localement.


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