claude-rivoalan-pigeon-plouezec-volaille - Illustration Le pigeon tire son épingle du jeu

Le pigeon tire son épingle du jeu

Visite chez Claude et Hélène Rivoalan, éleveurs de pigeons à Plouézec dans les Côtes d’Armor. Ils nous détaillent l’envers du décor d’une production peu connue.

Cette petite filière méconnue de la volaille compte en Bretagne 15 éleveurs structurés au sein de l’Associations des maîtres pigeonniers, dont Hélène Rivoalan est la présidente. Elle mène avec Claude, son époux, un atelier de 4200 couples à Plouézec (22). « Notre production est particulière. Par exemple, nous organisons nous-mêmes la sélection génétique en croisant des souches pures. Ensuite, les parents pondent, couvent et engraissent eux-mêmes leurs petits », explique Claude Rivoalan. Le produit commercialisé est le pigeonneau sevré à 30 jours, « l’âge où les animaux commencent à voler, le stade où l’animal est le plus lourd et le plus tendre. »

Qui mange les pigeonneaux ?

« Le pigeonneau est une viande chère qu’on trouve entre 15 et 20 € le kilo chez le boucher. La production est écoulée pour un tiers en France (Sud-Ouest, Sud-Est…), un tiers en Europe et un tiers en Asie. Les communautés asiatiques sont friandes de petites fritures. »

Des pigeonneaux vendus à 610 g à 30 jours

L’important est d’avoir l’œil animalier car c’est un volatile très particulier. Ainsi, il choisit ce qu’il mange en fonction de ses besoins physiologiques. « La femelle se gave de maïs pour engraisser en prévision de la couvaison où elle a peu de liberté pour se nourrir. Puis, quand elle couve, elle consomme davantage de blé… » Le mâle couve aussi, mais sa mission principale est de nourrir les petits. Il perd d’ailleurs beaucoup de poids pendant cette période où « il gave. » En complément, les oiseaux ont accès à un minéral type maërl. Ces petits cailloux avalés « aident à broyer le grain dans le jabot car les parents régurgitent une sorte de petit suisse blanchâtre que les pigeonneaux picorent dans la bouche de leurs parents. On parle d’allaitement… » Avec ce régime, l’oisillon de 20 g à la naissance quitte l’élevage à 610 g à un mois. Les éleveurs livrent eux-mêmes l’abattoir de Lauzach (56), tous les 10 jours.

Aujourd’hui, la filière régionale dépend de Triskalia. Entre les éleveurs et la coop, existe un contrat annuel, avec un prix indexé en partie sur le cours des céréales. Chaque année, un tiers du cheptel est renouvelé. Des repros de 6 mois, sexés et bagués, sont mis en place en remplacement. « Sinon, avec les années, le taux d’œufs non fécondés augmentent. On recherche la meilleure productivité des couples. »

[caption id=”attachment_8908″ align=”aligncenter” width=”720″]Chaque couple de reproducteurs a deux nids Chaque couple de reproducteurs a deux nids : l’un où ils engraissent les petits et l’autre où ils couvent.[/caption]

13 à 14 pigeonneaux par couple et par an

Pour ce faire, armée d’une tablette, Hélène se charge du « comptage des pigeonneaux de 15 jours, car il y a peu de mortalité par la suite. Cela permet aussi d’annoncer à l’abattoir la production à venir. » Une femelle pond normalement deux œufs. Mais il y a toujours un peu de mortalité. En moyenne, par couple et par an, les Rivoalan obtiennent 13 ou 14 pigeonneaux et visent une production de 9 kg de viande. La productivité est base de rentabilité : la plus grosse charge est l’alimentation car on nourrit les repros qu’on ne commercialise pas. La consommation annuelle est estimée à 66 kg (35 % de blé, 40 % de maïs et 25 % d’aliment) pour un couple et la suite. « Comme le pigeon trie énormément, il y a beaucoup de refus. »

Aux terralies ce week-end

Plusieurs éleveurs seront aux Terralies à Saint-Brieuc du vendredi 23 au dimanche 25 mai. Autour de 10 couples de pigeons, ils échangeront sur leur production.

« Plus on intervient, plus il y a de revenu »

Pour autant, l’animal n’est pas ingrat. « Plus vous intervenez, plus il répond et plus il y a de revenu à l’arrivée. Pour l’inciter à produire, il faut nettoyer les nids et les abreuvoirs, pailler, bien suivre les couples, observer, écouter si ça tousse… » Et c’est en passant du temps dans son élevage qu’on relève le grand défi : obtenir un maximum de produits pour les fêtes de fin d’année. «  Avec une prime de saison pouvant atteindre 20 %, c’est l’opportunité d’un 13e mois. » Grâce à un travail assidu un bon éleveur augmente sa production au bon moment pour que le fruit de la ponte, les pigeonneaux, soit doublé sur novembre et décembre. « Là, la rentabilité est excellente. »

Pour conclure, Claude, ancien comptable formé par sa femme qui a créé l’élevage, lance une petite bouteille à la mer : « Beaucoup d’éleveurs ont plus de 50 ans et vont chercher à transmettre. C’est un métier méticuleux, intéressant à faire en famille. Accessible après une formation agricole et 6 à 12 mois de travail avec le cédant. » Et pour donner un repère, « compter environ 400 000 € pour la reprise de 4 000 couples en fonction de l’état des bâtiment, de l’état sanitaire, du degré d’automatisation… » 


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