association-la-cabane-d-amelie-jouet-papy-dom - Illustration Au bon souvenir des jouets buissonniers

Au bon souvenir des jouets buissonniers

L’association La Cabane d’Amélie fait redécouvrir les jouets fabriqués dans les campagnes par les enfants eux-mêmes. 

L’histoire a commencé le jour où Dominique Madoré, dit Papy Dom, a confectionné un cheval en bois à sa petite-fille Amélie. Celle-ci n’a pas tardé à le montrer à son institutrice qui, séduite, a invité le grand-père bricoleur à venir créer quelques jouets en bois devant toute la classe… Ensuite le bouche à oreille a fait son œuvre et les sollicitations se sont multipliées : écoles, centres de loisirs, maisons de retraite… C’est ainsi que Dominique, son frère Jean-Luc et quelques autres, ont créé en 2011 l’association « La Cabane d’Amélie » pour assurer « la transmission du patrimoine culturel lié aux jeux et jouets d’autrefois et particulièrement aux jouets buissonniers. » Dominique explique : « Le jouet buissonnier est réalisé sur place, à l’aide d’outils simples, principalement un canif, à partir de matériaux collectés dans la nature comme des branches, fruits, feuilles, fleurs, plumes, lichens… Sélectionnés en raison de leurs propriétés physiques de forme, de résistance, de densité, de flexibilité, de couleur… »

Imagination et estime de soi

A l’heure de l’omniprésence des consoles de jeu, des écrans et du « virtuel », le président de l’association n’abdique pas. Bien au contraire, il croit au manuel et au réel : « Un jouet n’est pas obligatoirement un objet acheté tout fait. On trouve un réel plaisir à le réaliser soi-même. C’est de nature à renforcer l’estime de soi, ce qui se révèle très bénéfique, particulièrement pour un enfant en situation d’échec scolaire. Il laisse la place libre à l’imagination, provoque nécessairement la confrontation avec la réalité très concrète des matériaux utilisés. Fabriquer, utiliser, améliorer place l’enfant dans une très prometteuse situation de découverte, d’apprentissages et d’épanouissement. »

Comment se déroule une animation ?

Selon la saison et la météo, les animations se déroulent à l’intérieur ou à l’extérieur (certaines fabrications comme les arcs ne peuvent être envisagées qu’en plein air, sur un espace étendu et sécurisé.) Avant d’accueillir les participants, l’exposition “Jouets buissonniers” est installée, les objets présentés serviront de support aux questions. Le matériel (matériaux et outils) est disposé sur les tables… Pour une large plage horaire et si l’environnement s’y prête, une collecte d’éléments naturels peut s’envisager. Les animateurs de la Cabane d’Amélie souhaitent vivement que les enseignants, encadrants ou parents accompagnent et vivent ce temps avec les participants. Le nombre idéal d’enfants est de 6 ou 7 par animateur, ce qui permet aussi de proposer plusieurs ateliers : moulins, bateaux, sifflets, personnages, arcs, animaux, “pétouères”, instruments de musique… En fin d’animation, chacun repart avec le jouet fabriqué et aussi avec… une grande fierté !

L’héritage des pâtous

Mais ce n’est pas tout, le travail des membres de La Cabane valorise également l’histoire de nos campagnes : « Le jouet buissonnier appartient à notre patrimoine », rappelle l’ancien pâtou. L’héritage de tous les enfants du pays gallo qui, il y a encore 60 ans, passaient jeudi et vacances scolaires à surveiller les vaches au champ. Dans un décor de talus, de haies et de buissons nombreux, « il fallait “youper”, lancer des « You-ou-ou-ou-ou-ou-ou-ou ? » à la cantonade « pour appeler les autres pâtous à se rassembler près du ruisseau qui séparait nos prés. » Les occupations champêtres ne manquaient pas : cerf-volant, cabane, moulin à eau, barrages sur le ruisseau, tchifouettes, fours à pommes…

Arc, sifflet, courneboute…

Un couteau toujours en poche, dans cet infini des possibles, environnement abondant de matériaux « gratuits et écologiques », il suffisait d’inventer ses jouets. « Ce tendre rameau de châtaignier idéal pour fabriquer un sifflet, cette belle branche d’if ou de saule au diamètre requis pour un arc et cette pousse de noisetier bien droite pour une flèche, cette écorce de châtaignier enroulée pour une courneboute, sorte de bombarde avec une hanche en paille de seigle, ces quatre plumes de pigeon pour les pales bruissantes d’un moulin à vent ! » Selon l’imagination et les besoins, « on apportait aussi dans notre besace quelques matériaux récupérés : ficelle, fil de fer, boutons, capsules, boîte d’allumettes, sac d’engrais vide… »

Aujourd’hui, dans son atelier de Trévé (22) ou lors des animations de l’association, les choses n’ont pas beaucoup changé. Le pistolet à colle a remplacé « la résine de sapin ou de cerisier », la perceuse « la petite vrille ou la pointe chauffée au feu », quelques outils « les pinces et autres discrètement empruntés à notre père à l’époque… » Et la collecte est resté le point de départ : « Bogues de hêtre ou de châtaignier pour faire des monstres, coquille de noix pour une souris, graines pour les yeux, pistaches pour les oreilles, chaton de saule pour une queue, sureau pour un sifflet, bouchon de liège pour une mini-toupie… » L’atelier est plein de boites pleines de pommes de pin, d’épis de céréales, de glands, d’écorces, de fougères… De quoi ravir les enfants et les plus grands lors des ateliers de l’association « qui peuvent générer des vocations. On a par exemple oublié combien c’est noble de travailler le bois… », conclue Papy Dom. Toma Dagorn

En savoir plus : http://www.lacabanedamelie.fr/


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article