industriel-consommation-alimentation-matiere-premiere-prix-gms-cout - Illustration Des hausses non répercutées

Des hausses non répercutées

Le rapport 2013 de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, présenté à Paris le 4 décembre, confirme qu’en période de hausse des matières premières agricoles, les augmentations ne sont pas répercutées aux consommateurs.

« On ne peut pas vivre éternellement sur le mythe des prix bas », a analysé Philippe Chalmin, économiste, lors de la présentation du rapport 2013 de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, dont il est président, mercredi 4 décembre, au ministère de l’Agriculture à Paris. Un observatoire réunissant l’ensemble des acteurs, des syndicats de producteurs aux associations de consommateurs en passant par les industriels et les distributeurs, pour déterminer qui gagne quoi dans la chaîne alimentaire.

Consommateur gagnant

Sur 100 euros dépensés dans l’alimentation, seuls 8 % vont à l’agriculture et à la pêche et 11 % à l’industrie agroalimentaire. En 2012, la part du prix du lait dans celui du yaourt était de 16 %, celle du blé dans la baguette de pain de 8 %. Dans un contexte de hausse généralisée des prix des matières premières agricoles, le consommateur est le grand gagnant en ne subissant que peu d’augmentation, notamment grâce à la concurrence au sein de la grande distribution. Et de citer « l’extraordinaire stabilité » du prix à la consommation du lait UHT entre 2008 à 2013 – à 73 centimes, alors que le prix du litre de lait payé au producteur connaissait des variations de 10 centimes (de 31 à 21 centimes).

L’agriculture ne doit pas être la variable d’ajustement

Commentant le rapport de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, la FNSEA observe que « l’amortissement du coût de l’aliment se fait d’abord au maillon de l’élevage, au détriment du revenu des producteurs » avant de juger la répercussion vers l’aval « insuffisante pour un partage équitable de la valeur ajoutée entre les acteurs économiques ». « Il est urgent que la clause de renégociation des prix en cas de fortes variations des cours des matières premières agricoles prévue dans le projet de loi Consommation soit mise en œuvre », estime le syndicat qui « ne peut accepter que la production agricole serve de variable d’ajustement ».

Coûts de production en hausse

La situation est contrastée selon les produits. Erigé en exemple lors des précédentes publications du rapport, le kilo de longe de porc a vu son prix de vente au consommateur passer de 6,42 à 6,87 € entre les premiers semestres 2012 et 2013, la marge brute de la grande distribution représentant 3,36 € (+27 centimes) et celle de l’industrie 0,52 € (+0,5 ct). La part du producteur a renchéri de 10 centimes (2,63 €), ce qui « ne compense pas la hausse des coûts de production, due à une forte hausse du prix des matières premières », précise le rapport. L’alimentation des porcs représentait en effet 71 % des coûts de production au premier semestre 2013, contre 60 % en 2009.

Produit d’appel

Pour la distribution, les rayons charcuterie et volaille sont les plus rentables (5,8 € de marge nette après impôts pour 100 € de chiffre d’affaires), suivi du rayon lait de vache (2,4 €) alors que la boucherie présente une marge négative (-0,8 €), comme la boulangerie (-1,3 €). « Sur un caddie payé 50 euros par un consommateur, seulement 75 centimes représentent les marges nettes des enseignes de la grande distribution », met en avant la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). Mais cette situation ne représente qu’« un îlot de pertes dans un océan de profits », selon la formule de l’économiste Bernardo Trujillo, théoricien américain de la distribution : l’alimentation n’est qu’un produit d’appel, qui permet d’attirer le chaland pour lui vendre d’autres produits, avec des marges plus importantes.


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