cooperative-coop-france-ouest-joseph-rousseau-guy-le-bars-georges-galardon-jean-luc-cade-patrice-drillet - Illustration Des leviers pour gagner en compétitivité

Des leviers pour gagner en compétitivité

Alors que la Bretagne est confrontée à des défis économiques et sociaux majeurs, des représentants des coopératives bretonnes adhérentes de Coop de France Ouest se sont réunis à Loudéac, vendredi 22 novembre, pour échanger avec les parlementaires et élus régionaux.

« Notre région traverse une passe difficile. En matière agricole et agroalimentaire, nous entendons tout et n’importe quoi depuis quelques semaines », introduit Georges Galardon, président de Triskalia et président Bretagne de Coop de France Ouest. Il poursuit : « nous avons proposé ce temps d’échange afin d’apporter notre analyse sur la situation de l’agroalimentaire breton, témoigner de nos difficultés, aborder nos propositions et pistes de travail. »

La surréglementation française

Il y a une réelle perte de compétitivité sur les productions agricoles dues aux distorsions de concurrence intra-européenne. Peuvent être cité en exemples : le coût du travail, la fiscalité des entreprises, les délais d’instruction des dossiers et des autorisations, les interdictions diverses… Mais il y a aussi le problème de la surréglementation française, avec la multiplication des normes non productives qui n’apportent aucun revenu supplémentaire. Cela entraîne, inévitablement, une augmentation des coûts de production. Marc Le Fur, député des Côtes d’Armor précise : « Il y a une réglementation européenne, je ne vois pas pourquoi il y a besoin d’une réglementation nationale. »

Réadapter les outils de production

L’effondrement des marges n’a pas incité les producteurs à investir et a même engendré une baisse de production dans certaines filières majeures de la région, accentuant encore la perte de compétitivité globale. Georges Galardon, rappelle : « nous avons perdu 32 % de bovins viandes en 10 ans ; une baisse est constatée en porc de 3 % par an depuis 3 ans ; la dinde a été divisée par deux en 10 ans et les légumes industrie ont diminué de 20 % en 5 ans. » Et d’expliquer : « nous n’avons pas suffisamment adapté nos outils à ces baisses de production : c’est ce que nous sommes en train de faire maintenant, avec le coût social et humain que l’on connaît. Ce sont toujours des décisions difficiles à prendre, surtout quand on est une coopérative très ancrée dans son territoire. »

Un Cice pour les coopératives

Afin de regagner de la compétitivité et de « préserver une agriculture intensive en emplois et qui valorise le territoire », il faut réduire les écarts européens de coût du travail. Une solution serait de permettre aux coopératives d’accéder au Crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice), qui ne leur est pas ouvert à ce jour du fait de leur statut coopératif. Patrice Drillet, président de la Cooperl déclare : « ça nous permettrait de moderniser les outils pour gagner en performances, il faut pour cela nous redonner de l’oxygène. Le manque à gagner des coopératives bretonnes sur le Cice est de 25 millions d’euros par an. Avec un investissement moyen de 200 millions d’euros par an sur les trois dernières années, le manque à gagner Cice représente 12 % de la capacité d’investissement des coopératives. » Marc Le Fur enchaîne : « le vrai bénéficiaire du Cice est la grande distribution qui capte 2 milliards d’euros sur les 8 milliards distribués. »

Simplifier, développer, innover

La simplification administrative peut aussi permettre d’être plus compétitif. « Notre système administratif est un vrai blocage au développement de nos entreprises. Un dossier installation classée est en instruction pendant environ deux ans en France alors qu’il ne prend que six mois en Allemagne », pointe Jean-Luc Cade, président de la Coop de Garun/Paysanne. De son côté, Guy Le Bars, président d’Even affirme : « il faut faciliter le positionnement des coopératives sur les nouveaux marchés porteurs, notamment à l’export. Il ne faut pas pour autant délaisser le marché national. L’exemple du poulet est frappant : 45 % du poulet mangé en France est importé et 87 % du poulet servi en RHD est aussi d’importation. »

Enfin pour conclure Joseph Rousseau, président du Cerafel insiste sur les besoins permanents des entreprises en terme d’innovation et d’expérimentation. « La Bretagne n’a pas attendu pour se prendre en main. Nous avons fait évoluer notre gamme de légumes qui ne ressemble pas à celle d’il y a 30 ans, et nous savons que celle de demain sera aussi très différente de celle d’aujourd’hui. » Nicolas Goualan


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