De mars 2013 à aujourd’hui, le troupeau du Gaec du Vieux Manoir a peu progressé en effectif, en passant de 180 à 200 laitières. En revanche et quand on regarde les chiffres de la production, un changement substantiel est à noter, le volume de lait par animal et par an est passé de 9 500 l à 13 500 l. « Une performance qui ne s’opère pas du jour au lendemain », fait observer Philippe Arzul, vétérinaire chez Vitalac qui suit l’exploitation et lors d’une journée technique locale organisée par l’entreprise. Petit à petit, l’organisation de la ferme s’est modifiée ; citons l’ajout de capteurs de mycotoxine dans la ration qui a eu pour effet de diminuer les problèmes de mammites, l’apport de minéraux spécial vaches taries ou encore l’arrêt de l’affourragement en vert, « trop aléatoire au niveau valeur alimentaire ».
Prendre soin des pattes
« Le pareur passe 10 fois par an. C’est important que ce soit toujours la même personne », selon Emmanuel Turban, un des 4 associés de la structure de Pommerit-le-Vicomte (22) qui accueille aussi un salarié. Les pieds sont parés systématiquement au bout de 100 jours de lactation ou 30 jours avant le tarissement. Les agriculteurs ont mis en place une routine rigoureuse, comme ce calendrier de parage, un passage systématique dans le pédiluve, qui permet de « ne plus avoir de boiterie ayant pour origine des dermatites ». Cette rigueur est également de mise pour l’élevage des génisses et des veaux, ces derniers sont nourris par de la poudre de lait contenant des acides aminés et des acides organiques. L’âge au vêlage des primipares a été fixé à 2 ans, cet objectif est atteint. « Nous visons des animaux de 650 kg à 24 mois ». Les génisses sont élevées avec un fourrage composé de dérobées à base de seigle et de vesce, qui « produit 5 à 6 tMS/ha. On pourrait augmenter ce rendement en retardant la récolte, mais nous préférons privilégier la valeur alimentaire et le fait de libérer tôt les parcelles pour des cultures de printemps ». Les animaux en production ne sont pas en reste côté alimentation, les apports de matières grasses dans la ration ont changé : l’huile de palme a laissé sa place à des graines extrudées.
Garder les éléments les plus fins
« Pas de bon mélange, pas de production », résume de son côté Pierre-Yves Prigent, animateur commercial nutrition bovine pour Vitalac. Il poursuit en conseillant l’ordre d’intégration des ingrédients dans la mélangeuse, qui débute par « le concentré de production et l’ensilage d’herbe. Les vis de la mélangeuse doivent être réglée à 40 tours/minutes sans contre couteaux, et tourner pendant 10 minutes. Viennent ensuite l’ensilage de maïs et l’eau, à une vitesse réduite (20 tours par minute), toujours pendant 10 minutes ».
L’animateur préconise de changer les couteaux tous les ans. « C’est un investissement, mais ça vaut le coût. Les résultats se voient sur la table d’alimentation et sur la consommation de carburant ». Le Gaec introduit 600 l d’eau dans leur mélangeuse de 30 m3 Belair (à 3 vis), afin de faire coller les éléments les plus fins, qui ne peuvent ainsi pas être triés par les vaches. « Les bouses sont plus régulières, il y a moins de refus, ça stimule l’appétit. Aussi, le troupeau se couche beaucoup plus vite, les animaux sont rapidement calés », a pu observer l’éleveur. D’un point de vue pratique, la cuve d’eau, placée en hauteur, facilité le remplissage de l’outil de distribution. Cette réserve est un ancien tank à lait reconverti, à préférer « à des cuves plastiques qui laissent se développer des algues et qui conduisent à un échauffement de la ration ».
Repères :Gaec du Vieux Manoir – 4 associés – 200 vaches laitières – 4 robots de traite – troupeau réparti en 2 lots – Objectif de production de 2,6 millions de l – 80 génisses élevées pour le renouvellement tous les ans – 235 ha – Une unité de méthanisation de 250 kW
Fanch Paranthoën
Soigner les vaches taries
Selon Christophe Conq, technico-commercial en nutrition, 5 points sont à respecter sur les taries, ce sont « les animaux les plus sujets au stress. Il leur faut un logement confortable, comme ici avec une aire paillée de 200 m2 pour 20 individus, une eau de qualité, un bon accès à l’auge (80 cm/vache), moins de stress en évitant les réalottements et enfin une bonne ration ». Dans ce Gaec costarmoricain, les taries reçoivent de la paille broyée finement par une ETA et mélangée à de l’ensilage de maïs.