La « caution » de Bruno Le Maire passe mal

La Coordination rurale s’offusque du prétexte de « prix d’achat du lait élevé payé aux éleveurs » évoqué par Bercy pour exclure les industries laitières de la réouverture des négociations commerciales. « En tant que membre de l’EMB (European Milk Board), les producteurs du syndicat jugent inacceptable que les producteurs et les consommateurs soient contraints de payer pour entretenir les industriels, mais aussi les grandes surfaces, assoiffés de profits, avec la caution de Bruno Le Maire de surcroît », s’élève Véronique Le Floc’h, présidente nationale de la Coordination rurale. Et de faire valoir que « les autres éleveurs européens, par exemple les Néerlandais, ont été payés au moins 10 cts d’euros de plus par litre (100 €/1 000 L) ». Accélération de la baisse de collecte L’éleveuse finistérienne calcule que le prix moyen du lait européen est supérieur de 60 €/1 000 L au lait français. « Et ce, sans loi Égalim », ironise-t-elle. « Leurs industriels ont certainement compris qu’à défaut, les éleveurs allaient cesser la production. Ce n’est visiblement pas encore le cas en France, et pourtant on assiste à une accélération de la baisse de la collecte et les difficultés de transmission des exploitations ne sont pas encore au summum ». La patronne de la Coordination rurale observe que les « politiques et industriels profitent tant qu’aucun conflit social, qu’ils pensent impossible, n’éclate. Certes, il n'est pas encore lancé du côté des producteurs, mais il le faudra, il ne saurait tarder tant le mépris est grand ». Il manque 2 Smic Le syndicat estime qu’il est urgent que le ministre de l’Économie « retrouve lucidité et impartialité » dans ses décisions. « Il sait que l’indice des prix du lait français a augmenté de 20 % ‘sortie ferme’ l’an dernier et qu’en face les charges ont, elles, augmenté de 24 % (source Insee) et c’est sans compter, pour beaucoup d’éleveurs, une baisse de production liée à la sécheresse, à charges égales », rappelle la présidente. « Avec leurs achats de lait français très compétitif, les industries laitières françaises ont économisé 2 milliards d’euros sur le dos des producteurs. Ce manque à gagner par exploitation représente en moyenne plus de 2 Smic nets annuels », s’insurge Véronique Le Floc’h. Elle poursuit : « Le prétexte d’investissements à venir pour des transitions, de la décarbonation, etc., avancé par certains industriels n’est pas entendable au regard du retard accumulé en la matière sur les exploitations. Les industriels n’ont qu’à faire comme les consommateurs et les producteurs, s’adapter ».

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