Bien accompagner les agriculteurs en situation de mal être

Lors d’une rencontre de la cellule Réagir 22, ses représentants ont insisté sur l’importance de signaler tôt les gens en situation de fragilité. Deux éleveurs ont témoigné de l’intérêt des cessions « Continuer ou se reconvertir » pour nourrir une réflexion sur son avenir. Mardi 7 février, la cellule Réagir 22 s’est réunie à Plérin. Reposant sur un travail conjoint de la Chambre d’agriculture et de la MSA, ce comité départemental œuvre à la prévention du mal-être des agriculteurs mais aussi des situations de maltraitance animale. Ses responsables ont rappelé à l’assemblée – représentants des banques, coopératives, laiteries… – l’importance de sensibiliser leurs salariés, voire de les former, à la détection et au signalement de personnes « en situation de fragilité » sur le terrain. « L’origine des difficultés peut provenir de problèmes de rentabilité ou de santé. Mais de plus en plus, d’autres causes sont rencontrées en lien avec la stratégie d’investissement, la surcharge de travail, les relations entre associés, la perte de sens du métier, la pression réglementaire ou sociétale… », rapportait Stéphanie Ramboasolo qui coordonne les conseillers en stratégie d'entreprise de la Crab formés pour accompagner les personnes en difficulté. « Ces dernières années, nous notons un certain nombre de jeunes qui se retrouvent dans des situations compliquées », précisait Guy Corbel, élu référent à Réagir 22. « Cela rappelle la nécessité de bien cadrer les projets d’installation, de bien quantifier le temps de travail et les questions d’équilibre financier alors que les reprises sont de plus en plus coûteuses et l’environnement économique de plus en plus volatil. » « Je me sentais dépassé, je m’enfonçais » Pour aider à mieux comprendre les mécanismes du mal-être, la parole a été donnée à deux Costarmoricains ayant déjà participé à la cession « Continuer ou se reconvertir ». Encadré par la MSA et la Chambre d’agriculture, ce dispositif permet aux agriculteurs et leurs conjoints de prendre quelques jours loin de l’exploitation pour réfléchir. Installé dans les années 90, le premier témoin a vu « sa vie s’écrouler » suite à une séparation. « Cette remise en cause personnelle peut vite faire basculer dans un engrenage négatif. Je me sentais dépassé, je m’enfonçais… Par rapport à mes associés, je me demandais si j’étais encore capable d’assumer. » Par hasard, le producteur de lait a entendu parler des rendez-vous « Continuer ou se reconvertir » et s’est inscrit. « Ces moments m’ont été très bénéfiques. L’occasion d’une remise à plat dans un cadre chaleureux. Il y a parfois beaucoup d’émotions dans les échanges. Dans une vie professionnelle à 100 km / h, même sans soucis, tout le monde devrait un jour pouvoir se poser », confiait l’éleveur qui a finalement décidé de continuer son métier. Le second témoin a arrêté son activité agricole il y a quelques mois. « Je me suis installé à 21 ans. Les premières années, j’ai vécu le métier que je voulais faire. Puis nous avons fait l’erreur de l’agrandissement basculant dans un besoin continuel d’investissement pour être compétitifs. » L’éleveur ressentait un ras-le-bol face à ce « manque d’emprise » sur son activité. « Dans ma tête, je ne voulais plus, je ne pouvais plus… J’en avais parlé à mon épouse et aux enfants mais je faisais du surplace et le séjour m’a permis de faire un pas en avant. D’abord de vider mon sac devant des personnes neutres car l’entourage ne comprend pas toujours ce que l’on vit, notamment quand l’exploitation tourne bien, puis de décider d’arrêter. » « Tous capables de faire autre chose » Rapidement, l’ancien agriculteur a trouvé un nouvel emploi : « J’avais peur de ne pas être à la hauteur, mais nous sommes tous capables de faire autre chose, peu importe l’âge, et de repartir sur des bases plus solides », explique-t-il. Avant de conseiller « Continuer ou se reconvertir » à toutes les personnes « indécises », en souffrance ou en réflexion : « Elles ont toutes un avenir ».

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