- Illustration « Les aviculteurs ne doivent pas culpabiliser »
Thomas et Isabelle Couëpel devant leurs poulaillers qui vont rester vides pendant au minimum 42 jours.

« Les aviculteurs ne doivent pas culpabiliser »

Avec un cas d’Influenza aviaire confirmé proche de l’élevage, ces aviculteurs se retrouvent avec leurs poulaillers vides pour au moins 42 jours. Ils tiennent à rappeler que les éleveurs ne doivent pas culpabiliser et qu’ils sont les premières victimes de cette situation.

En 2017, Isabelle Couëpel a quitté son métier de coiffeuse pour rejoindre son mari Thomas sur l’exploitation avicole située à Andel (22). Une installation qui débouche sur la construction d’un poulailler neuf de 3 000 m2 en complément des 2 400 m2 existants. Le couple s’est donc lourdement endetté pour développer leur outil de travail. « Le système d’intégration en volaille de chair nécessite d’élever au minimum 6 lots de poulets par an avec de bonnes performances techniques et peu de pénalités liées aux chartes qualité pour pouvoir rembourser les investissements et dégager un salaire décent », indique Thomas Couëpel, aviculteur et président de la coopérative Le Gouessant.

42 jours minimum de vide sanitaire

Malheureusement, en ce moment, la situation sanitaire liée à l’Influenza aviaire vient bouleverser un équilibre financier déjà fragilisé depuis la Covid-19 pour les aviculteurs. Le 31 octobre, un cas d’influenza aviaire hautement pathogène est confirmé sur la commune d’Hillion. « L’élevage se situe à 9 km du nôtre, nous sommes donc placés dans la zone de surveillance qui inclut tous les élevages avicoles à 10 km à la ronde du cas confirmé. Le lot de poulets qui était en place est donc parti plus vite que prévu, les mâles pesaient 2,8 kg, nous avons donc perdu du tonnage et par conséquent de la marge. Dans la foulée, nous avons une interdiction de mise en place de 42 jours minimum dans l’hypothèse qu’il n’y ait pas d’autres cas d’Influenza sur la zone. Normalement, les poussins devraient arriver le 26 décembre », expliquent les aviculteurs. Ils précisent que, sur l’année 2022, ils auront eu 140 jours de vide sanitaire. Une situation qui les oblige à demander à la banque des reports d’échéances.
En témoignant et en exposant leur cas personnel, Isabelle et Thomas Couëpel parlent au nom d’un grand nombre d’aviculteurs.

« L’arrivée du virus aviaire dans un élevage est un traumatisme pour les éleveurs. Vient s’ajouter quelquefois le regard accusateur du reste de la filière, de l’administration et parfois des collègues. Il ne faut surtout pas culpabiliser, l’aviculteur reste la première victime de cette épidémie et, de ce fait, il est très important de l’aider et de le soutenir lors de cette épreuve. »

Certains éleveurs risquent de jeter l’éponge

Se pose aussi la question de l’indemnisation pour un vide sanitaire de plus de 42 jours. Les éleveurs ne savent pas qui va payer, combien ils vont toucher ni quand cela va arriver, si ça arrive… Cette situation cause un manque de volaille française sur le marché. « D’une part, le grand vainqueur est l’import qui ne cesse sa progression dans notre pays malgré les discours sur la reconquête du marché français. D’autre part, des hausses de prix ont pu être passées auprès des consommateurs sans voir forcément le ruissellement jusqu’au maillon éleveur. Cette crise sanitaire, adossée à la problématique énergétique qui se présente, nous impose de trouver collectivement des solutions pérennes de production et de contractualisation sous peine de voir des éleveurs abandonner le métier ou de futurs repreneurs se détourner de cette activité », conclut Thomas Couëpel.

Travailler à l’extérieur pour ne pas broyer du noir

Ce vide sanitaire à rallonge a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour Isabelle Couëpel. « Du jour au lendemain, je me retrouvais sans travail. J’ai donc décidé de chercher une activité afin de me sentir utile, pouvoir m’aérer la tête et faire rentrer un salaire. » Ce travail, qui équivaut a un mi-temps, « est compatible avec mon métier d’avicultrice. Si on devait revivre cette situation, mon double emploi me permettrait de mieux appréhender les aléas de plus en plus fréquents de notre métier. »

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