Cédric Tribodet, aviculteur à Boisgervilly (35). - Illustration Une énergie gratuite pour chauffer
Cédric Tribodet, aviculteur à Boisgervilly (35).

Une énergie gratuite pour chauffer

Grâce à l’unité de méthanisation, les associés du Gaec de la Gloriette, à Boisgervilly (35), chauffent leur poulailler sans regarder à l’économie de gaz tout en ventilant beaucoup plus. L’effet a été immédiat sur l’ambiance, la qualité de la litière, le taux de pododermatites et la marge PA.

« L’arrivée de la méthanisation nous a permis de moderniser rapidement notre exploitation. Nous sommes passés en système lisier pour les vaches laitières. Nous avons opté pour une pailleuse automatique Schauer pour les bâtiments bovins qui permet d’éliminer les corps étrangers qui sont problématiques en méthanisation et de dépoussiérer, ce qui nous apporte du confort ainsi qu’aux animaux. C’est aussi un plus pour la digestion des fumiers dans le digesteur. Nous profitons aussi d’une source de chaleur gratuite pour chauffer notre poulailler de 1 350 m2 grâce à la méthanisation », décrit rapidement Cédric Tribodet, associé du Gaec de la Gloriette.

4 tuyaux diffusent la chaleur

Les éleveurs ont investi 968 000 €, dont 330 000 € de subventions et d’aides diverses, dans une unité de méthanisation d’une puissance de 100 kW qui est en fonctionnement depuis un an. « Un réseau de chaleur enterré de 160 mètres a été installé entre le moteur de cogénération (ou la chaleur est produite) et le poulailler de 1 350 m2 spécialisé en production de poulets sexés. Ce réseau nous a coûté 17 000 € qui sont imputés pour les deux tiers au poulailler et le dernier tiers pour l’unité de séchage en grange », explique Cédric Tribodet. En 2012, l’éleveur a réalisé une grosse rénovation sur ce poulailler datant de 1982 : isolation, passage d’une ventilation par extraction haute à un système Colorado, changement des trappes d’entrée d’air et du boîtier de régulation.

Puis en 2017, deuxième vague de travaux : silos neufs, changement des pipettes, passage en sol béton et nouveau mode de chauffage. « Au moment de bétonner le sol j’ai hésité à installer un plancher chauffant qui m’aurait coûté 28 000 €. Après réflexion, j’ai préféré investir 32 000 € dans un système Spiraflex pour diffuser l’eau chaude et chauffer mon poulailler. » Quatre tuyaux de chauffage sont installés sur toute la longueur du poulailler sur un seul côté. Les éleveurs ont condamné 2 des 5 portes d’accès latérales pour cette installation. « Le côté négatif est le débordement de 50 cm dans le bâtiment des 2 tuyaux situés en partie basse. C’est compliqué pour le curage du fumier et nous sommes obligés de finir manuellement sur 50 cm au bord de la longrine sur toute la longueur. »

Pas besoin de capteur de CO2

La chaleur provenant de l’unité de méthanisation est envoyée prioritairement vers le digesteur pour le maintenir à une température de 38 °C. C’est ensuite le poulailler qui profite de la chaleur produite et le restant est envoyé vers le séchage en grange. « La méthanisation de 100 kW électrique produit 135 kW thermique. Les besoins pour le poulailler sont de 0,1 kW/m2 soit 135 kW et ceux pour le digesteur de 50 kW. Il reste donc 85 kW pour les volailles ce qui est un peu juste pour le démarrage des lots hivernaux », constate Cédric Tribodet. L’objectif est de puiser toute la chaleur disponible pour atteindre une température de 35 °C lors du démarrage.

« Je dispose 1 kg/m2 de paille broyée comme litière avant l’arrivée des poussins. J’essaye de tout faire pour ne pas avoir à faire de rajout de litière en cours de lot. Cette énergie gratuite à disposition pour chauffer me permet de ventiler plus sans avoir à trop calculer. J’économise environ 6 000 € de gaz par an grâce à la méthanisation », estime l’aviculteur. Il ajoute : « J’ai assaini mon ambiance, je n’ai pas besoin de capteur de CO2 puisque je chauffe au maximum tout en ventilant le plus possible. Depuis que l’installation de chauffage est en route, c’est-à-dire 6 lots, je sors de bons résultats. Le dernier lot a fait 14 €/m2 de marge PA. Je suis aidé par la prime pododermatites que je touche à 100 % depuis un an, le chauffage et la ventilation y sont pour quelque chose », conclut Cédric Tribodet.

Une chaudière bi-gaz en sécurité

[caption id=”attachment_34737″ align=”aligncenter” width=”720″]La chaudière bi-gaz vient en sécurité pour assurer le chauffage du poulailler. La chaudière bi-gaz vient en sécurité pour assurer le chauffage du poulailler.[/caption]

Les associés du Gaec de la Gloriette ont installé une chaudière bi-gaz fonctionnant soit au biogaz, soit au gaz à la sortie de l’unité de méthanisation. Elle peut venir en complément de la méthanisation lors des gros besoins en chaleur comme lors des démarrages de lots de volailles en hiver. Elle sert aussi en cas d’arrêt du moteur de cogénération pour diverses raisons comme la maintenance par exemple. « Cette solution de secours est indispensable, il n’est pas envisageable de remettre des canons à gaz dans le poulailler même provisoirement », témoigne Cédric Tribodet.



Les tuyaux Spiraflex

L’émission de chaleur d’un tuyau Spiraflex par mètre est bien supérieure à celle d’un tuyau lisse. « Les tuyaux sont fixés sous les entrées murales. Le positionnement permet d’apporter la bonne ventilation en mélangeant de façon optimale l’air froid de l’extérieur avec l’air chauffé du bâtiment pour tenir les poulets de chair à l’abri des courants d’air froid. Les tuyaux à ailettes donnent la possibilité d’augmenter assez rapidement la température pour améliorer la répartition des animaux à l’intérieur du poulailler », décrit Jean-Jacques Le Moigne, responsable commercial Skov France.


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