- Illustration Mycotoxines : Une année atypique à niveau très bas
Les foreurs comme la pyrale sont en partie responsables de la présence de mycotoxines.

Mycotoxines : Une année atypique à niveau très bas

Les ensilages 2022 prennent le chemin d’un fourrage sain au niveau de leurs teneurs en mycotoxines, mais les premiers résultats demandent encore à être alimentés en échantillons.

Même s’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur les analyses effectuées sur du maïs en vert par l’Observatoire des mycotoxines, la tendance 2022 montre « une année atypique, à des niveaux très bas en Don, nivalénol et zéaralénone. Il se peut que la période sèche au moment de la floraison des cultures soit bénéfique pour diminuer le développement des mycotoxines », explique Loïc Quéméré, directeur technique chez Eilyps, qui précise que « nous attendons encore 80 % des échantillons ».
Ces champignons toxiques pour les animaux proviennent des champs, c’est pourquoi l’analyse sur du maïs en vert est pertinente et plus rapide que des prélèvements sur le front d’attaque de maïs ensilage fermenté. Au champ, les moisissures apparaissent sur des plantes stressées ou blessées par des foreurs. La météo et une date de récolte tardive favorisent le phénomène ; les voyants des conditions des ensilages de cette campagne sont donc au vert. « Ce n’est parce qu’il y a des moisissures qu’il y a des mycotoxines, et inversement », prévient le directeur technique.

Le rumen ne fait pas tout

En production laitière, « le rumen participe à la détoxification des mycotoxines, mais ne fait pas tout. Concernant les tricotécènes (famille regroupant les Don ou les nivalenols), et selon le fonctionnement du rumen, 1 à 85 % peut être dégradé. Pour la zéaralénone, le produit de dégradation est même plus toxique que la mycotoxine en elle-même », selon Laure Rouxel, spécialiste mycotoxines chez DSM, intervenant lors d’une présentation des premiers résultats de l’Observatoire des mycotoxines, au Space.
Si les génisses représentent le groupe d’animaux le moins sensible aux toxines, les vaches en lait sont les plus à risque. « Quand des symptômes cliniques sont observés, la contamination est importante, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg », précise Laure Rouxel. La partie cachée est représentée par des mycotoxines subaiguës qui, avec une exposition chronique du troupeau, n’engendrent pas de symptômes cliniques mais une baisse de production laitière. « La zéaralénone a un impact sur la reproduction, car elle prend la place des œstrogènes ».

Que faire en cas de contamination ?

La mycotoxine produite au champ et ramenée dans le silo va persister dans le temps, « on va la garder jusque l’ingestion ». Pour autant, difficile de se séparer de son ensilage si le fourrage est contaminé. « Il existe des additifs nutritionnels capables de bloquer la toxicité, ils agiront au niveau de l’intestin ».
Même à faible teneur, les mycotoxines peuvent avoir un effet sur la production laitière. À l’inverse, des teneurs élevées ne conduiront pas forcément à une dégradation des performances zootechniques… Si la piste mycotoxine est avérée sur l’élevage, mieux vaut « réserver le silo touché aux périodes où la part de maïs dans la ration est un peu limitée, comme au printemps ou à l’été », conclut Loïc Quéméré.


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