12742.hr - Illustration L’Œuvre de l’Office Central entre au patrimoine
Les assemblées générales donnaient lieu à de grands banquets.

L’Œuvre de l’Office Central entre au patrimoine

L’Office Central de Landerneau incarne un dessein humain né d’une volonté d’agriculteurs bretons d’unir leurs forces. Les archives de cette grande construction mutualiste et coopérative font désormais partie du patrimoine.

L’Office Central n’est pas né d’une idée sortie d’un chapeau. Il relève d’une longue histoire. On situe généralement à 1757 la première structuration des initiatives agricoles bretonnes. D’aucuns considèrent que cette date pose le point de départ du mouvement de progrès sur lequel s’inscrira le mouvement mutualiste et coopératif.

[caption id=”attachment_68923″ align=”aligncenter” width=”720″]12747.hr Hervé Budes
de Guébriant qui a pris la suite du fondateur, Augustin de Boisanger, et Pierre Belbeoc’h, pionnier de l’Office de Landerneau (photo 1935).[/caption]

Bouleverser l’ordre des choses

C’est en effet en 1757 qu’est fondée, à Rennes, la Société de l’Agriculture, des Arts et du Commerce. Une première en France, inspirée de la Grande-Bretagne, un peu en avance à cette époque sur la « Petite-Bretagne ». Cette Société de l’Agriculture se voit alors comme « une machine à bouleverser l’ordre des choses ». Elle introduit le drainage des prairies humides, l’emploi de cultures nouvelles comme le trèfle violet et l’intensification de la pomme de terre qui venait de s’implanter en Bretagne en 1752… soit 20 ans avant l’initiative de Parmentier en France. Comme quoi la « Petite-Bretagne » est aussi précurseur ! Mais cette initiative sous l’influence des Lumières ne plaisait pas à Louis XVI qui craint que les sociétés d’agriculture ne se cantonnent pas à la culture de la terre mais se mettent à cultiver les cerveaux. Aussi, ces sociétés d’agriculture sont-elles supprimées.
Mais, c’est connu, les Bretons sont obstinés, têtus. C’est ainsi, que l’ingénieur agronome et maire de Rennes, Louis de Lorgeril crée, en 1815, le 1er comice en Ille-et-Vilaine. On peut le considérer comme le fondateur des comices en Bretagne. On peut aussi le considérer comme l’inspirateur des comices au niveau national, instaurés en 1831 par la monarchie de Juillet. Paris avait dû considérer l’idée bretonne géniale…

[caption id=”attachment_68925″ align=”aligncenter” width=”720″]12743.hr La formation était aussi au programme de l’Office Central. Ici, journée de la pomme de terre de semence en 1947.[/caption]

La loi qui change tout

En 1884, la loi sur les syndicats change tout et nous approche de la création de l’Office Central. Car cette loi donne enfin aux associations agricoles « la personnalité civile et le droit de gérer les intérêts de la profession et d’améliorer le statut et la condition de la famille paysanne ». Singulièrement, on retrouve à nouveau à la manœuvre un certain de Lorgeril – le fils du fondateur des comices bretons –. En 1906, il réussit à fédérer les 5 départements bretons pour créer l’Union des syndicats de Bretagne. Une union qui a du mal à s’imposer car représentée par des notables, et qui transpire de rivalités politiques… et bien sûr religieuses de l’époque.
Très vite des syndicats locaux ne se retrouvent pas dans cette Union régionale pilotée par Paris et jugée trop éloignée des préoccupations bretonnes. Ainsi, dans les Côtes d’Armor, des « petits syndicats » aux « grandes préoccupations sociales » se mettent en place ; ils poussent à la mutualité ; parlent formation et éducation. Les paysans se retrouvent mieux dans ce « laboratoire d’idées » initié par la base.
Dans le Finistère naissent, en ordre dispersé, des mutuelles incendie et bétail. Là non plus, le département ne se sent pas vraiment concerné par l’Union centrale des syndicats agricoles. Bref, l’Union des syndicats de Bretagne n’est pas franchement l’union du succès.

[caption id=”attachment_68924″ align=”aligncenter” width=”720″]12746.hr L’organisation planifiait des journées rurales à l’attention des femmes, des ouvriers, des agriculteurs…[/caption]

Onze hommes au Chapeau Rouge

C’est sur ce terreau que va s’édifier l’Office Central de Landerneau. L’idée des protagonistes est justement de fédérer les mutuelles incendie et bétail qui ont vu le jour dans certaines communes sous l’impulsion de syndicats locaux. Et c’est ainsi, qu’à la fin août 1906, onze personnalités représentant 11 syndicats locaux finistériens se retrouvent à l’Auberge du Chapeau Rouge à Quimper. Onze personnalités portées par les valeurs du « catholicisme social » qui promettent de multiplier les forces en se regroupant ; qui promettent l’émancipation des paysans et leur protection comme le permet la loi de 1884. Cette rencontre grave dans le marbre ce qui deviendra ce qui s’appelle alors l’Office Central des Œuvres Mutuelles Agricoles.
111 ans se sont écoulés depuis cette date qui a scellé l’esprit mutualiste et coopératif breton de l’organisation-mère commune du Crédit Mutuel Arkéa, Eureden, Groupama Loire Bretagne et du journal Paysan Breton. Esprit mutualiste, coopératif… et humaniste comme l’avait rappelé son dernier président, Jos Le Breton, en 2011, à l’occasion du centenaire : « L’Office Central a constamment placé l’Homme au cœur de ses projets afin de le faire participer à une progression, à un succès commun ».

Des archives numérisées

Héritiers directs de l’esprit mutualiste et coopératif de l’Office Central, le Crédit Mutuel Arkéa, Eureden et Groupama Loire Bretagne ont fait officiellement don des archives au service Art – Patrimoine et Archives de la Ville de Landerneau. Ce fonds comprend entre autres plus de 900 photos des années 1930 aux années 1990, la correspondance d’Hervé Budes de Guébriant, des années 1919 à 1944, des documents sur l’émigration bretonne dans les années 1920-1930, le bulletin de l’Office Central (1919-1926). Consultation libre sur https://patrimoine.landerneau.bzh/fr


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