8491.hr - Illustration Les index des taureaux revus au labo
Dans les murs de l’Institut Pasteur de Lille, l’équipe R&D de Gènes Diffusion réalise le séquençage d’échantillons de bouse pour produire la « photo » du microbiote des cheptels.

Les index des taureaux revus au labo

En investissant les domaines du big data et de la métagénomique, Gènes Diffusion veut révolutionner les accouplements en étant désormais capable d’adapter les index de chaque taureau aux spécificités de chaque élevage pour limiter les surprises liées à « l’effet milieu ».

Après avoir utilisé un taureau top index, certains éleveurs se disent déçus par ses filles qui n’ont pas le potentiel espéré. Des voisins, eux, pensent tout le contraire. « Pourtant, on parle de la même génétique. Chez l’un, elle sur-performe. Chez l’autre, elle sous-performe. Et cela est vrai pour tous les taureaux », rapporte Sylvie Partey, secrétaire générale du groupe Gènes Diffusion. Ce qui fait la différence ? L’influence de l’environnement, du contexte dans lequel chaque cheptel évolue. « Pour un caractère assez héritable comme la production laitière par exemple, on considère que 30 % de la performance sont expliqués par la génétique, et le reste, soit 70 %, par le milieu. » Justement, les responsables de Gènes Diffusion annoncent, après le bond « énorme » de progrès génétique permis par la génomique, une nouvelle « révolution » capable d’atténuer considérablement la variabilité liée cet effet troupeau.

Cap à l’hyperprécision

Lancé le 1er mai, ce programme baptisé GHP (pour Génétique haute performance) consiste à apporter « une brique de précision supplémentaire pour de meilleurs accouplements ». En s’appuyant sur la métagénomique, grâce au séquençage de l’ADN du microbiote intestinal d’animaux (voir encadré), après 4 ans de travaux, les chercheurs sont capables de générer « une photographie haute définition » propre à chaque ferme. Parallèlement, ils ont conçu un algorithme qui intègre cette analyse du microbiote ainsi que les informations de génotypage de toutes les femelles et du contrôle de performances d’un troupeau pour enrichir les index génétiques standard. « Grâce à cette technologie, chaque éleveur adhérant à la démarche dispose pour chaque mâle d’un index personnalisé à son propre environnement. »

Anecdotique ? « Disruptif », répond Claude Grenier, directeur de Gènes Diffusion. « Dans tous les élevages-pilotes où nous avons mené les tests, des bouleversements majeurs dans le ranking des taureaux sont constatés. Très peu de mâles apparaissent très bons et adaptés dans tous les troupeaux. GHP va apporter hyperprécision et hyperpersonnalisation en matière d’accouplement. »

Prérequis pour s’engager dans GHP (réservé aux troupeaux Prim’Holstein pour l’instant) : génotyper 100 % des femelles et adhérer au service de contrôle des performances. Sans changer de pratique sinon cette rationalisation du choix des taureaux, pour un coût additionnel de 10 € par vache et par an, le dirigeant promet un retour sur investissement dès la 3e année (entrée des premiers animaux GHP) pour atteindre à terme « un gain additionnel de 85 € par vache et par an ». Le fruit d’un progrès génétique optimisé.

Le microbiote d’un élevage évalué une fois par an

L’environnement et toute la conduite (alimentation, sanitaire, vaccination, etc.) influencent le microbiote d’un élevage. « À chaque troupeau, son modèle unique de microbiote », résume Sylvie Patey. Dans le cadre du programme GHP, le microbiote d’une ferme est évalué une fois par an. Les bouses de 10 animaux « aux cartes génétiques différentes ou pas très proches » sont prélevées. Elles contiennent de l’ADN des bovins et des micro-organismes qu’ils abritent.


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