Coûte que coûte

Un mal pour un bien. La formule sent le vécu. Et le vécu dit vrai. La pandémie du coronavirus ne dément pas l’adage. Le bien, c’est d’abord la redécouverte d’une certaine forme de solidarité européenne qui, rappelons-le, est le ciment originel de la construction de cette Union pacifique des peuples. Devant l’urgence de la situation, les Vingt-Sept ont transformé la BCE en grande banque de même envergure que la Fed américaine. Impensable en temps de « paix sanitaire ». Résultat, la BCE apporte son soutien sans compter aux pays membres. Puis, la Covid-19 a poussé les États de l’Union à se regrouper pour acheter des vaccins dessinant par là-même une ébauche de système de santé européen, lui aussi inimaginable jusqu’ici.

Enfin, la pandémie a pointé les dangers que représente la dépendance politique et commerciale de l’Europe vis-à-vis des pays tiers. Premier avertissement, il y a un an, avec la pénurie de masques. C’est encore le cas aujourd’hui avec des produits industriels en rupture de stock qui contraignent de reporter des réparations de matériel, voire contraignent certaines entreprises à suspendre leur activité faute de pièces disponibles. Passe encore… Qu’en aurait-il été si la pénurie avait concerné les produits alimentaires ? Dans tous les cas, cette crise sanitaire met en évidence que tout ne peut pas se raisonner en termes de compétitivité prix. Elle rappelle, alors que se négocie la Pac 2023-2030, que la souveraineté alimentaire de l’Europe doit être garantie « coûte que coûte ». La Chine ne tergiverse pas sur sa sécurité alimentaire : elle remplit actuellement à tour de bras ses greniers et ses frigos. La flambée du prix des matières premières en est le thermomètre. Sachons regarder le thermomètre et, surtout, en tirer les enseignements.


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