Des génisses bien logées

Deux fois sur trois, une nouvelle construction pour laitières n’intègre pas d’espace pour les grandes génisses. Pour des raisons de coût, priorité est donnée à l’aménagement de l’existant. Où sont les génisses en hiver ? Le plus souvent, elles préfèrent l’ancien au neuf. Ou plutôt c’est l’éleveur qui préfère l’ancien. Pour des raisons économiques, il privilégie la transformation de la vieille stabulation des laitières en logement pour les génisses. Voire se cantonne à aménager un auvent de hangar en cases sommaires mais fonctionnelles. Objectif des éleveurs avant tout : limiter les coûts pour des animaux dont le temps de stabulation se limite à 3 à 5 mois d’hiver. Litière plutôt que logette Un classique de la majorité des élevages cependant : les génisses de renouvellement sont le plus souvent sur paille ; avec des surfaces de 3 à 8 m2 par animal selon l’âge et le gabarit ; des dimensions qui varient en fait beaucoup d’un élevage à l’autre en fonction de la place disponible, mais aussi de l’évolution de la taille du troupeau. Une génisse de plus par case, puis une deuxième. Jusqu’à ce que, quelques années plus tard, l’élevage se retrouve un peu « serré » en places. « En croissance, les logettes peuvent poser problème », observe par contre Sébastien Guiocheau, spécialiste bâtiment à la Chambre d’agriculture de Bretagne. Et de reconnaître que « la dimension des logettes est rarement adaptée au gabarit des animaux. D’où des animaux mal positionnés, qui font demi-tour ». Bref tout ce qu’il ne faut pas pour conserver une aire de couchage propre. Pour limiter les coûts et faciliter la conduite, c’est donc l’aménagement « simple » qui est la plupart du temps retenu. Par exemple, en démolissant les anciennes logettes des vaches pour les remplacer par une aire paillée, mais en mettant l’accent sur la facilité de curage et la praticité d’alimentation. Sans oublier la contention qui est aujourd’hui un jeu d’enfant avec la multiplicité de cornadis et de barrières de longueur ajustable présents sur le marché. Moins de cases carrées « Dans les faits, deux tiers des constructions neuves n’intègrent pas le logement des génisses de renouvellement, hormis pour les veaux en phase d’allaitement », constate sur le terrain Sébastien Guiocheau, faisant observer que l’aménagement dans l’ancien vit aussi des évolutions. « La case classique de 5 m X 5 m, inspirée de l’élevage du jeune bovin, est peu à peu délaissée au profit de cases plus grandes ». Plus spacieuses, pour accueillir des lots plus conséquents, mais aussi parce que, dans les cases de plus grande dimension, les animaux ont tendance à être plus calmes compte tenu de la moindre promiscuité ; avec comme conséquence une litière moins rapidement souillée. La stabulation à quai a également moins le vent en poupe depuis quelques années. Car, si ce concept offre la possibilité de bloquer les animaux sur le quai lors du curage, la potentielle dangerosité lors des interventions à l’arrière des génisses (insémination) est fréquemment relevée par les éleveurs et les intervenants. Ce type de stabulation peut également mal vieillir quand l’entretien n’est pas régulier : lors des curages successifs, le sol de l’aire paillée a tendance à se creuser, avec pour conséquence une marche qui devient de plus en plus haute pour les animaux… et pour les éleveurs. Le remède ? Remblayer régulièrement pour retrouver le niveau initial de la marche. S’inspirer de l’élevage allaitant Pour leurs aménagements de nouvelles cases à génisses laitières, les éleveurs s’inspirent de plus en plus de ce qu’il se fait en races à viande. « Par contre, abandonner les quais, c’est être contraint de curer plus souvent, avec parfois des difficultés pour respecter le délai de 2 mois de litière accumulée sous les animaux », prévient le spécialiste bâtiment de la Chambre d’agriculture. « L’alternative pour gagner en hauteur de fumier consiste à aménager une margelle de 50 cm X 20 cm en pied d’auge ou de cornadis ». Non sans oublier que, dans ce cas aussi, un sol en terre aura aussi tendance à se creuser derrière la margelle. La solution consiste donc à bétonner ? « Compter 35 € / m2 pour une dalle réalisée par une entreprise du bâtiment », chiffre Sébastien Guiocheau. Des solutions pour les vaches nourrices La pratique de l’allaitement des veaux laitiers avec des vaches nourrices se développe. La vache laitière n’est dans ce cas ni plus ni moins qu’une vache allaitante avec plusieurs veaux. C’est pourquoi des éleveurs s’inspirent de ce que font les éleveurs de races à viande. L’adoption d’un veau tiers est facilitée par une case individuelle, idéalement avec un cornadis et un jeu de barrières latérales dont une spéciale « allaitement » comme c’est l’usage dans de nombreux élevages allaitants. L’éleveur y gagne en sécurité… et le veau en tranquillité. L’hivernage de ce type d’animaux peut aussi s’inspirer des cases allaitantes paillées avec un espace réservé aux veaux, pour le repos et éventuellement l’apport d’un aliment complémentaire inaccessible aux vaches. Enfin, pour limiter les problèmes pulmonaires, il est possible de prévoir une « trappe » de sortie pour permettre aux veaux d’accéder à un parcours extérieur comme cela se voit en allaitant. A noter que les éleveurs bio doivent prévoir « un accès à une aire d’exercice extérieure si les conditions climatiques le permettent ». Il s’agit là d’une obligation réglementaire de 2008 qui a bénéficié d’une tolérance ; il ne devrait pas y avoir de déclassement avant 2022.

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