Corvidés et maïs : quelle stratégie pour 2021 ?

6739.hr - Illustration Corvidés et maïs : quelle stratégie pour 2021 ?
Des leviers agronomiques sont à mettre en œuvre pour limiter les dégâts.
La récolte des maïs se termine. Que ce soit en ensilage ou en grain, les rendements sont globalement satisfaisants. Néanmoins, ce bilan est terni par de fortes attaques de corvidés en début de cycle sur l’ensemble de la Bretagne entraînant une perte de rendement et des charges de re-semis.

Depuis 2 ans maintenant, suite notamment à l’arrêt des traitements de semences à base de « thirame », les corvidés sont les principaux ravageurs de la culture de maïs. Les re-semis engendrés par ces attaques s’élèvent à environ 2 500 ha en 2020 au niveau des adhérents d’Eureden (enquête auprès de nos techniciens) contre 2 000 ha en 2019. À cela s’ajoutent des pertes de pieds importantes dans de nombreuses parcelles. Dans la famille des  « corvidés », on trouve le corbeau freux, la corneille, le choucas des tours. Cette dernière espèce est la plus présente en Bretagne et est protégée par arrêté préfectoral. Dès 2019, Georges Galardon, président du Directoire Eureden, a informé la DDTM, la préfecture, les députés et les sénateurs de la situation préoccupante des dégâts occasionnés.

Période de risques

Les attaques de corvidés sont étroitement liées à la période de reproduction. Le choucas pond de 4 à 6 œufs début avril. La période d’incubation est de 18 à 19 jours. De l’éclosion, fin avril, à la fin de la période de nourrissage, 30 jours se sont écoulés (fin mai). Durant cette période, les besoins alimentaires sont très importants, ce qui correspond aux semis de maïs et aux stades « plantules ». Les attaques des corvidés peuvent démarrer dès le lendemain du semis et jusqu’au stade 4-5 feuilles, voire plus. En suivant la ligne de semis, ils sont capables de faire des dégâts importants. Les parcelles à proximité des nichoirs, les champs isolés et les semis décalés sont plus à risques.

Moyens de lutte

Pour pallier ces nombreuses attaques, l’agriculteur ne dispose aujourd’hui d’aucune solution réellement efficace. En effet, la seule solution actuellement homologuée (Korit 420 FS – en dérogation –), ne permet pas de gérer le « risque corbeaux » : selon Arvalis, « son efficacité se situe (…) à un niveau relativement satisfaisant en situation de faible attaque, mais fortement limitée dès que la pression de population de corvidés devient significative » (Publication Choisir maïs ravageurs 2019).

Du coup, la stratégie à privilégier est de semer dans les meilleures conditions possibles pour favoriser une levée et une croissance rapide. Les travaux conduits par Eureden en 2019 et 2020 sur les 4 départements bretons ont étayé les recommandations agronomiques suivantes :
• Éviter les semis décalés et faire attention aux parcelles isolées,
• Bien rappuyer la ligne de semis pour un meilleur ancrage et une surface plus “dure” (attention aux parcelles “soufflées” qui sont synonymes de facilités d’arrachage pour les oiseaux),
• Être vigilant sur la profondeur de semis en ne semant pas trop en surface (idéalement 4-5 cm),
• Semer en écartements réduits (40-50 cm) pour une perturbation visuelle (plus de rangs impliquent une dilution des attaques),
• Associer des plantes appâts (céréales) pour une perturbation visuelle,
• Utiliser des semences de qualité avec biostimulants (notre solution : Serenity et Serenity Premium),
• Protéger la culture contre les insectes du sol car les corbeaux attaquent en priorité les plantes colonisées par les taupins,
• D’autres solutions sont citées sur le terrain mais avec des efficacités non mesurées comme l’Avifar (répulsif gibiers et oiseaux) ou l’apport de chaux vive post-semis à raison de 300 kg /ha.

L’agronomie permet de diminuer l’exposition aux risques, mais face à de fortes attaques, cela n’est malheureusement pas toujours suffisant. Pour limiter la pression, on peut envisager de poser des effaroucheurs, de passer régulièrement dans les parcelles ou encore de réguler la population sur autorisation administrative. Dans tous les cas de figure, il est important de remonter tous les dégâts de vos parcelles afin d’avoir une vision complète de la situation.

André Yvinec / Eureden


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